Chaque semaine, La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Un patron répond à cinq questions qu'a posées le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite.

Monique F. Leroux répond aux questions d'Isabelle Lord, présidente de Lord Communication managériale et auteure du livre Gestionnaires inspirants.

Q: À votre avis, quelle est la principale qualité d'un leader?

R: Un bon leader est quelqu'un qui est capable d'amener non seulement la tête des gens dans la même direction, mais également leur coeur. Des gestionnaires réussissent en convainquant la tête de leur équipe, mais quand les deux sont engagés, la relation avec les employés est plus solide et le dirigeant est plus inspirant.

Q: Avez-vous une routine? Si oui, à quoi ressemble-t-elle?

R: Je déteste la routine! Je suis très disciplinée par contre, même si aucun jour n'est pareil à l'autre. En gros, mes journées sont remplies de temps avec les gens; les clients, les dirigeants ou les membres de Desjardins.

Je me réveille à 6 h et je termine à 20, 21 ou même 23 h, 6 jours par semaine. Ce sont de longues journées. J'ai aussi beaucoup de réunions le soir et les fins de semaine. Et je suis souvent en déplacement.

Q: Quelle est la principale différence dans la façon de communiquer entre les dirigeants masculins et féminins?

R: Je ne veux pas généraliser, mais je dirais que parfois, il y a un peu plus d'émotion avec les femmes. Ce n'est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Ça rend les communications plus humaines. Je n'adapte toutefois pas mon discours selon la personne à qui je m'adresse.

La place des femmes est un sujet qui m'est cher. Depuis que je suis chez Desjardins, j'ai vu une progression substantielle des femmes dans des postes de cadres. Plus d'un dirigeant de caisse sur trois est aujourd'hui une femme, ce qui est quand même remarquable comparativement à la moyenne canadienne.»

Q: Quelles ont été les principales modifications que vous avez apportées à votre façon de communiquer au fil des ans?

R: Il faut savoir que chez Desjardins, les communications sont nombreuses. Ça m'a permis d'apprendre à écouter. Je crois que c'est aussi fondamental que de dire son message. Il faut savoir établir le contact avec nos gens.

J'ai d'ailleurs développé des astuces pour être plus à l'écoute. J'ai notamment un blogue sur l'intranet où j'invite les employés à commenter mes billets et à exprimer leur opinion sur le sujet. Je leur pose aussi des questions. Au conseil d'administration, je suscite des discussions.

Les communications informelles sont très importantes pour moi. Elles permettent souvent d'avoir plus facilement du feedback sur nos actions. Je crois néanmoins que l'on devrait être aussi à l'aise de s'exprimer dans les situations formelles qu'informelles.

Q: Combien de temps consacrez-vous à la préparation de vos communications et avez-vous un groupe devant lequel vous pouvez pratiquer vos communications les plus importantes?

R: Un temps important y est consacré. La communication est un outil qui sert à réaliser des choses. Avant de me déplacer pour rencontrer des gens, je veux savoir à qui je m'adresse, ce qui les préoccupe et ce qui les intéresse. Je suis bien entourée pour cela. Mon équipe de communications m'aide à préparer le contenu. On se demande pourquoi on rencontre ces personnes-là, ce qu'on va retirer de la discussion, etc. J'ai aussi quelques questions prêtes pour les gens dans la salle, encore pour avoir de la rétroaction. Mais je ne me pratique pas vraiment.

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À lire la semaine prochaine: le PDG de Telus Québec, François Gratton, répond aux cinq questions posées par Monique F. Leroux.

Le parcours de Monique F. Leroux en bref

Âge: 60 ans

Études: Après avoir étudié au Conservatoire de musique, elle a bifurqué vers la comptabilité.

Présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins depuis: 29 mars 2008

Nombre d'employés: 45 000, dont plus de 5000 dirigeants

Avant de travailler chez Desjardins: Elle a travaillé 17 ans chez Ernst & Young comme comptable, puis a occupé le poste de vice-présidente Québec à la Banque Royale. Elle a aussi fait un passage chez Québecor, comme vice-présidente exécutive et chef de l'exploitation.