À l'instar de plusieurs jeunes, Kim Dupras-Allard a longuement hésité avant de faire son choix de carrière. Maintenant âgée de 34 ans, la sexologue de formation a décidé de retourner sur les bancs d'école.

« Je me suis rendu compte, à la fin de mon baccalauréat, qu'il n'y a pratiquement pas d'emploi dans le domaine, raconte-t-elle. Il faut bûcher comme des malades pour se faire une place sur le marché du travail. » Elle a finalement travaillé comme intervenante psychosociale auprès de femmes victimes de violence puis auprès des jeunes. Un boulot pas précisément dans son domaine, donc.

Mal préparés

Comme elle, plusieurs personnes vivent un choc à leur entrée sur le marché du travail. La réalité est différente de ce qu'ils imaginaient. « Les jeunes semblent rarement bien préparés à ""vivre" l'emploi », souligne d'ailleurs un avis sur la relève dans les organisations du comité consultatif jeunes de la Commission des partenaires du marché du travail. C'est du moins une perception répandue chez les employeurs.

Certains d'entre eux évitent carrément d'embaucher de jeunes diplômés. Ils craignent de les voir partir, déçus, après quelque temps. « Ils préfèrent choisir des employés qui en sont à leur troisième ou quatrième expérience sur le marché du travail, note Emilie Grégoire, coordonnatrice du comité consultatif jeunes. Ils sont plus sûrs que le nouvel employé sait dans quoi il s'embarque. »

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CITATION

« Certaines écoles ne préparent pas bien leurs étudiants à leur arrivée sur le marché du travail. Parfois, ils ont des attentes beaucoup trop élevées parce qu'on leur a dressé un portrait irréaliste. » - Joëlle Vincent, conseillère en ressources humaines agréée et fondatrice de ViaConseil.

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Le manque de ressources en orientation dans les écoles est aussi montré du doigt. « Il y a souvent un seul conseiller en orientation pour des centaines d'élèves, déplore Mme Grégoire. Dans les écoles secondaires, les adolescents peuvent faire un projet d'orientation. Mais l'activité est souvent encadrée par un professeur qui n'est pas spécialisé dans ce domaine. Du temps avec un conseiller en orientation ou en emploi serait préférable. » Le comité rendra d'ailleurs public sous peu un rapport sur l'indécision vocationnelle des jeunes.

Mais les écoles ne sont pas les seules fautives. Certains jeunes s'informent trop peu ou se laissent influencer par leur famille. Mme Vincent note également que certaines entreprises manquent de transparence avant l'embauche. Elles négligent de donner des informations permettant aux candidats de faire un choix éclairé.

Pistes de solution

Mme Grégoire estime que des visites industrielles et des discussions avec des gens du métier aideraient les jeunes à se faire une tête. Pour valider leur choix, la possibilité d'occuper un emploi d'été dans le domaine serait aussi une avenue intéressante. De son côté, Mme Vincent croit beaucoup aux vertus des stages en milieu de travail. « C'est un moyen qui fonctionne très bien lorsque c'est bien organisé », assure-t-elle.

Les employeurs ont également des efforts à faire pour attirer et retenir leurs jeunes travailleurs. « Il y a une incompréhension entre les générations, note Mme Vincent. La première chose à faire est d'en prendre conscience. Ce peut être par un atelier avec tous les membres de l'équipe.

Cela amène des échanges intéressants. » Selon elle, une ouverture aux médias sociaux et aux nouvelles technologies, de la flexibilité et la possibilité de tisser des liens d'amitié au bureau sont aussi de bons moyens de retenir les travailleurs de la génération Y.

Par ailleurs, certaines industries ont des problèmes d'image. Elles gagneraient à se faire connaître davantage pour attirer la relève, selon Mme Grégoire.