La veille d'une conférence ou, pire, à quelques minutes d'avis, votre patron vous demande de prendre parole devant des dizaines de personnes. Vous êtes le seul qui peut se charger du mandat, mais vous n'êtes aucunement préparé. Comment réagir?

Commencez par faire appel à vos connaissances sur le sujet et à votre expérience de vie. «Quand ça nous arrive, il faut se dire qu'on est le meilleur candidat du moment pour prendre parole, explique Louise-Véronique Sicotte, formatrice en communication orale à la formation continue de l'UQAM. On doit se donner cette confiance-là et ne pas douter de soi.»

Mettez en vrac vos idées principales, choisissez un angle précis et trouvez des exemples concrets, afin d'illustrer clairement chaque élément. «Préparé ou non, on doit tenir compte de son auditoire et se demander ce qu'on veut que les gens retiennent après notre intervention. Souvent, les orateurs connaissent bien leur sujet, mais oublient que les auditeurs ne sont pas nécessairement familiers avec notre vocabulaire.

«Selon le nombre de personnes à qui on s'adresse, on peut leur demander quels aspects du sujet ils maîtrisent. Si on manque d'idées, on a toujours l'option de leur poser des questions et de se nourrir de leurs réponses. En tout temps, il faut avoir des images qui parlent, se tenir loin du jargon spécialisé, ne pas rester campé dans la théorie et transmettre les informations justes et nécessaires à la compréhension.»

Gestion du stress

La nervosité qui vient avec cette demande de dernière minute a des conséquences sur votre préparation: respiration courte et hachurée, cerveau moins bien oxygéné, pensées brouillonnes. Pour contrer ce phénomène, Mme Sicotte propose un truc très simple: prenez des respirations lentes et profondes à partir de la région abdominale et comptez jusqu'à trois pour vous calmer.

Ensuite, évacuez votre stress grâce à la décontraction musculaire. «Contractez les épaules et serrez les poings en imaginant que le trac se trouve dans vos mains. Puis relâchez le tout en laissant aller le tract dans le plancher.»

La pertinence de vos propos est également influencée par votre monologue intérieur. «Les gens doivent bannir les «je ne suis pas capable», «je ne suis pas prêt» et «je ne serai pas à la hauteur». À la place, ils doivent penser à des affirmations positives comme «je ferai de mon mieux» et «je suis en contrôle».»

Savoir à qui on s'adresse

Vous pouvez également vous visualiser en train de parler et imaginer les réactions positives de votre auditoire. «Quand on rencontre les gens pour partager nos connaissances et notre vécu, il faut arrêter de croire qu'ils sont là pour nous juger et se dire qu'ils sont ouverts d'emblée. Plus on trouve des exemples qui les interpellent, plus ils se sentent concernés. De là l'importance de savoir à qui on s'adresse.»

Lorsque vos idées sont claires et que vous avez établi le déroulement de votre contenu, le stress peut encore vous jouer des tours. «Le trac se répercute dans la voix, en la faisant défaillir ou en asséchant la gorge. Il faut donc boire de l'eau à la température de la pièce, car une eau trop froide vient figer les cordes vocales.»

Enfin, n'oubliez pas que vous avez le droit de prendre votre temps. «Chez plusieurs personnes, la nervosité accélère le débit, ce qui donne l'impression qu'on veut en finir au plus vite. Je suggère de faire des choix et d'avoir un peu moins de contenu, au lieu d'accélérer. On peut aussi préparer une conclusion normale et une autre plus courte, si on manque de temps.»