Pendant des années, Éric Bélanger s'est consacré corps et âme à la création de son entreprise de développement et de fabrication d'équipements industriels robotisés: AGT. L'exercice physique? Pas le temps!

«Je me trouvais toujours des excuses pour ne pas me remettre en forme», avoue l'homme de 48 ans. Il est loin d'être le seul. Bien des gens d'affaires arrivent mal en point à l'École d'entrepreneurship de Beauce (EEB). «Ils se sont oubliés, tant physiquement qu'émotivement, en créant leur entreprise», constate Katia Renaud, directrice du développement pédagogique et cofondatrice de l'école. Certains en ont même perdu le plaisir et le goût d'entreprendre.

L'établissement leur propose un redressement. Défis sportifs, cours de méditation et information sur l'alimentation sont notamment au programme. Ses trois premières cohortes, totalisant 75 personnes, ont perdu 352 livres dans les premiers mois de leur parcours!

Éric Bélanger s'y est inscrit en 2010. Il confie avoir eu les larmes aux yeux quand on lui a annoncé qu'il devait réaliser un grand défi sportif. «Je me suis dit que c'était enfin le coup de pied au derrière dont j'avais besoin, note-t-il. J'étais obligé de me remettre en forme.» Depuis, il a perdu une quinzaine de livres. Il se sent également plus en contrôle, plus concentré, plus productif, plus heureux et moins fatigué.

Se remettre en forme

Mais comment retrouver la forme quand l'agenda déborde de réunions, de voyages d'affaires et d'échéanciers? «C'est ce que je me demandais avant, dit M. Bélanger. Le plus dur, c'est de commencer. Après, ça se fait de façon naturelle et on ne se pose plus la question.»

«Tout le monde sait quoi faire, la question c'est: «Qu'est-ce qui nous pousse à le faire?», souligne Gilles Barbot, président d'Esprit de Corps. Une bonne manière de se motiver est de se lancer un défi impossible à réaliser sans de nouvelles habitudes.» Son entreprise propose d'ailleurs des activités de toutes sortes à ses clients: traversée du Canada en vélo, course Montréal-New York, ascension du mont Washington, etc. Et les effets seraient durables. De six à huit mois après le défi, 75% des personnes sédentaires auparavant continuent à faire de l'exercice au moins deux fois par semaine, selon lui.

De plus, avoir un projet de groupe, avec ses employés par exemple, favorise la persévérance. Les participants peuvent alors se motiver et s'entraider. Sans compter qu'une équipe plus en santé risque de s'absenter moins souvent. L'an dernier, M. Bélanger et une cinquantaine de ses employés se sont mis à la course. Cette année, ils prévoient gravir une montagne!

Enfin, il faut se rappeler que la santé est loin de se limiter à la pratique de sports énergiques. «La méditation et le yoga, par exemple, peuvent être des exercices pour se préparer à performer et pour récupérer, souligne Mme Renaud. Et ça peut se faire n'importe où, même dans une chambre d'hôtel durant un voyage. Les bonnes habitudes de vie, c'est aussi apprendre à recharger ses batteries.» C'est également prendre soin de ses relations avec les personnes de son entourage. D'ailleurs, à la suite du programme, les élèves de l'EEB disent consacrer en moyenne cinq heures de moins à leur entreprise chaque semaine et passer plus de temps en famille!

Même s'ils travaillent moins, le succès est au rendez-vous. Durant leur passage à l'EEB, les trois premières cohortes ont connu une croissance combinée de leur chiffre d'affaires de 125 millions. Elles ont aussi créé près de 500 nouveaux emplois. «Nos entrepreneurs-athlètes attribuent ces résultats à leur progression lors de la formation, indique Mme Renaud. Ils disent avoir trouvé un meilleur équilibre. Ils notent également une augmentation marquée de leur marge bénéficiaire. En canalisant mieux leurs énergies, ils sont plus créatifs.»

Les entrepreneurs vivent souvent beaucoup de stress: insécurité financière, manque de reconnaissance, peur d'échouer, incertitude, surcharge mentale, etc. Cela peut nuire à la santé physique et mentale. Cependant, ces dirigeants seraient nombreux à avoir des traits de personnalités «salutogènes» qui les protègent, note dans ses travaux l'Observatoire Amarok, organisation française qui s'intéresse à la santé des entrepreneurs. En général, ils ont une forte croyance en leur capacité de contrôler les événements et une bonne endurance. Ils sont aussi passionnés et plus optimistes que la moyenne. Néanmoins, l'Observatoire indique qu'il serait pertinent de mettre en place des moyens de prévention et de promotion de la santé dans les structures d'accompagnement des entrepreneurs.