Louise Champoux-Paillé a été initiée aux conseils d'administration en acceptant de siéger à celui de LEUCAN en 1992. Impliquée dans une cause qui la touchait personnellement, elle qui avait perdu sa fille aux mains de la leucémie, elle a ensuite développé une passion intarissable pour la gouvernance.

Forte d'une expérience au sein de nombreux C.A. depuis, elle estime y avoir acquis d'inestimables habiletés afin d'établir un consensus. «Autour de la table, on retrouve des gens qui ont des expériences, des formations et des buts différents, souligne celle qui est aujourd'hui présidente du Cercle des administrateurs de sociétés certifiées. C'est une richesse qui nous pousse à être à l'écoute, pour analyser tous les aspects d'une problématique.»

Selon elle, cette ouverture devient un atout sur le marché du travail. «C'est une valeur ajoutée qui distingue un candidat en période d'embauche. Les employeurs savent que les candidats avec une expérience en gouvernance sauront tenir compte de l'opinion des autres et qu'ils s'engageront pour le bien de la société.»

Mme Champoux-Paillé précise toutefois que ceux-ci ne doivent pas multiplier les engagements dans les C.A. «Il faut bien gérer sa carrière extra-professionnelle en identifiant une ou deux causes où on désire s'investir. Dans un OSBL, on assiste en moyenne à huit réunions de deux à cinq heures par année, sans compter les heures de préparation, les comités en extra et les événements sociaux. Il faut donc trouver des organisations qui allument la bougie dans notre coeur et auxquelles on peut apporter une expertise concrète.»

Bien que les enjeux stratégiques des OSBL et des entreprises soient différents, les objectifs de leurs conseils sont similaires. «Ils ont les mêmes pouvoirs afin de veiller à leur bon intérêt. D'ailleurs, les administrateurs des OSBL suivent de plus en plus de cours en gouvernance et sont mieux outillés pour surveiller les organisations.»

Précisions toutefois que seuls les administrateurs en entreprise sont rémunérés. En 2013, ceux du Groupe Jean Coutu étaient payés 50 000$, alors que ceux de la Banque Nationale du Canada gagnaient 90 000$.

Vent de changement

Les administrateurs siégeant pendant 15 ou 20 ans à un conseil se font plus rares qu'avant, tout comme les conseils composés de 15 à 25 personnes. «On privilégie un bon taux de roulement et des conseils formés de 11 ou 12 personnes, explique Louise Champoux-Paillé. On veut que les gens se sentent impliqués, au lieu de croire qu'il y aura toujours quelqu'un d'autre pour faire bouger les choses. On travaille aussi très fort pour encourager les jeunes à siéger à un conseil. Les générations s'enrichissent mutuellement avec leurs perspectives.»

Autre cheval de bataille: la place des femmes. De nos jours, elles occupent environ 15% des sièges du C.A. des 50 plus grandes entreprises québécoises cotées en Bourses. Près de 26% de ces entreprises n'ont aucune représentante féminine.

«Je crois que si un conseil n'est pas un reflet de la représentation des sexes en société, on fait fausse route, affirme Mme Champoux-Paillé. Certains parlent de quotas pour atteindre la parité. On observe aussi le projet de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui encourage à faire appel à des chasseurs de têtes pour trouver des candidats, au lieu de rester confinés aux contacts des membres - souvent de sexe masculin - déjà en place.»

«Une telle formule peut avoir un effet positif, mais ce ne sera pas suffisant pour atteindre la zone de parité rapidement. On a intérêt à dresser le profil de compétences pour chaque membre d'un C.A., afin de mieux cibler les gens. Et il faut un engagement ferme de la direction à ce sujet.»