Créatifs, motivants, passionnés: certains patrons ont l'étoffe des grands. La Presse a lancé un appel à tous pour découvrir des dirigeants allumés et appréciés.

Jeannine Marois a la fibre entrepreneuriale. La diplômée en administration des affaires a toujours été à son compte. Après avoir créé une agence de graphisme, elle a mis sur pied le Mondial de la bière avec deux amis en 1994. Depuis 2000, elle en est la présidente et la seule tête dirigeante. 

Six employés au Québec, deux chefs de projets en France et plusieurs collaborateurs à la pige dans le monde (Québec, France, États-Unis, Suède, Norvège, Brésil et j'en passe) travaillent sous son aile. «Pour moi, un bon leader sait d'abord bien s'entourer. L'équipe fait toute la différence», dit-elle.

C'est sûrement pour cette raison qu'elle mise sur une gestion participative. «Nous organisons beaucoup de réunions avec l'ensemble de l'équipe. Skype est mis à contribution pour les collaborateurs à l'extérieur. Ainsi, tout le monde comprend son rôle et a une vision globale de l'entreprise», explique Jeannine Marois.

Le respect avant tout 

Les travailleurs sont traités aux petits oignons au Mondial de la bière. «Les employés doivent être très respectés, selon moi. Leurs opinions et leurs idées sont considérées. Je leur donne aussi beaucoup de flexibilité. Certains travaillent par exemple à l'extérieur du bureau parce que c'est plus facile pour eux», souligne Jeannine Marois.

La présidente doit fréquemment se déplacer pour coordonner les différents événements qui ont lieu à travers le monde. Elle prend bien soin de faire une rotation dans ses accompagnateurs, pour permettre à chacun de voyager. Les autres activités sociales et cocktails rapprochent encore plus la petite équipe, déjà bien soudée.

Malgré la taille de l'entreprise, les employés ont des occasions d'avancement. «J'ai notamment envoyé une des membres de notre équipe en France pour développer le bureau là-bas. Elle a progressé et elle en est ressortie grandie», estime Jeannine Marois. La gestionnaire des réseaux sociaux et des communications a également plus de latitude pour travailler.

«Le plaisir doit être au rendez-vous. Quand les gens sont heureux au travail, ça me motive», lance Jeannine Marois. Elle ajoute: «Un patron ne doit pas être égocentrique. L'entreprise nous appartient, on y met notre coeur - et de longues heures! - mais tous doivent se sentir impliqués. Je veux voir grandir le Mondial après mon passage, progresser avec ma philosophie.»

Paroles d'employée

«Jeannine Marois est une femme entrepreneure qui tire son épingle du jeu dans un monde d'hommes. Elle est l'âme du Mondial de la bière, le plus important festival de bières internationales en Amérique du Nord, qui a lieu chaque année à Montréal depuis plus de 20 ans! Sa vision, sa persévérance et sa débrouillardise font d'elle une personne inspirante. Elle fait tout en son pouvoir pour que ses collaborateurs soient heureux au travail. En toutes circonstances, elle donne priorité à l'être humain: elle est empathique, généreuse, loyale et à l'écoute. C'est une patronne idéale, car on peut toujours compter sur elle!»

- Katia Bouchard, directrice des communications

L'avis d'une experte

« Le taux de survie des PME (comptant moins de 250 employés) au Québec après cinq ans d'activités est de 51%. On mesure à quel point la fondatrice du Mondial de la bière, Jeannine Marois, a des qualités d'entrepreneure, elle qui dirige l'entreprise depuis vingt ans. Elle est un parfait exemple de "leadership C": collaboration, connectivité, communication, collectif, compétence, confiance... C'est un leadership horizontal qui convient bien aux générations X et Y parce qu'il laisse les talents s'exprimer et les employés se responsabiliser. "Un bon leader sait d'abord bien s'entourer", mais il faut aussi garder l'équipe mobilisée et soudée. Les valeurs clés véhiculées sont le respect et le plaisir au travail. Mais il reste des défis: "Je veux voir grandir le Mondial après mon passage", c'est le défi ultime de la relève pour assurer la pérennité de l'entreprise. Parions qu'elle a déjà pensé à un plan, ce à quoi trop d'entrepreneurs omettent de réfléchir. » 

- Laure Cohen van Delft, coach en gestion du changement et des communications, SmartCoaching