Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent former leur main-d'oeuvre. La Presse propose une série d'articles sur des entreprises qui ont investi dans la formation. Cette semaine, OSTC, société spécialisée dans la négociation de contrats à terme sur les Bourses mondiales de produits dérivés, a fait le pari de miser sur la formation de jeunes diplômés pour se constituer une équipe à la hauteur de ses attentes.

Montréal n'est pas une plaque tournante de la finance mondiale comme l'est Londres, ou New York. Pourtant, plusieurs universités offrent des programmes dans le domaine. OSTC, dont le siège social est à Londres, a comme stratégie d'embaucher de petites cohortes de jeunes diplômés universitaires pour les former à sa main.

«Les jeunes fraîchement embauchés négocieront rapidement notre capital en Bourse, nous avons donc leur formation à coeur», affirme Richard Audet, directeur général d'OSTC-Canada.

Le bureau de Montréal d'OSTC, premier en Amérique du Nord, a ouvert ses portes en septembre 2012 et depuis, trois cohortes d'une dizaine de personnes ont été embauchées. Leur formation se déroule de façon structurée.

La stratégie de formation

«Lorsque nous embauchons des gens, nous leur disons dès le départ qu'ils seront en formation pendant deux ans», indique Richard Audet.

Aux yeux de Xavier Marcoux, 23 ans, nouvel employé d'OSTC et diplômé en finance de l'Université Concordia, c'était une occasion unique.

«C'est rassurant que la formation soit si bien encadrée et qu'elle se poursuive aussi longtemps», affirme-t-il.

Normalement, OSTC embauche une dizaine de personnes à la fois, et la première étape à compléter est une formation théorique de trois semaines en classe. Les nouveaux employés ont la plupart du temps un diplôme universitaire en mathématiques, en génie ou en finance.

«Nous avons aménagé une salle de classe dans laquelle nous donnons des cours magistraux sur certains concepts de négociation de produits», précise M. Audet, qui est également chargé de cours à l'UQAM et professeur à l'Institut de la finance structurée et des instruments dérivés de Montréal.

«Ce qu'on apprend sur les produits chez OSTC est très spécialisé et c'est différent de la base acquise à l'université», affirme Xavier Marcoux.

Le formateur principal est le numéro deux d'OSTC au Canada, Sebastiao Lagarto, mais d'autres mettent aussi la main à la pâte, dont Richard Audet.

Ensuite, la cohorte passe à la simulation pendant six semaines et elle se fait attitrer un gestionnaire comme mentor.

«On leur donne un portefeuille fictif de différents produits financiers et ils négocient comme ils ont appris en classe, explique M. Audet. Ils voient instantanément s'ils ont gagné ou perdu de l'argent et on leur donne de la rétroaction à la fin de la journée.»

«On apprend beaucoup en simulation parce que c'est très concret et on a beaucoup d'interactions avec le gestionnaire», affirme Xavier Marcoux.

Après ces six semaines, ils commencent à négocier dans le monde réel.

«Nous souhaitons leur mettre la pression avec du vrai argent rapidement», précise Richard Audet.

La formation n'est pas terminée pour autant. De façon périodique, OSTC introduit de nouveaux produits et de nouvelles stratégies dans le quotidien des négociateurs.

«Ils font de la simulation avec le nouveau produit pendant trois semaines, explique le responsable au pays. En même temps, ils continuent à négocier pour leur vrai portefeuille.»

OSTC fait aussi appel à des formateurs externes.

«Les Bourses nous envoient des spécialistes pour parler de différents produits avec nos nouveaux négociateurs», indique Richard Audet.

OSTC compte 12 bureaux dans 7 pays et partout, la formation est au coeur de la stratégie d'affaires.

«L'entreprise a même deux formateurs en chef qui sillonnent les différents bureaux dans le monde pour donner un coup de main avec la formation, raconte M. Audet. Nous recevons la visite de l'un d'eux toutes les six semaines.»

Les résultats

Chez OSTC, les résultats de la formation se traduisent instantanément en argent.

«Notre but est de faire du profit en négociant activement des contrats à terme, explique M. Audet. On a vu une progression. Une troisième cohorte vient de commencer à négocier en temps réel et son développement se fait plus rapidement que la première. Nous nous assurons que les négociateurs plus expérimentés partagent leurs stratégies avec les plus jeunes.»

Xavier Marcoux a commencé au début de janvier à négocier avec un vrai portefeuille et il remarque qu'il progresse grandement grâce aux fréquentes rencontres organisées avec les gestionnaires pour discuter des marchés, des produits et des stratégies.

«Cette approche nous permet vraiment de continuer à nous améliorer», précise-t-il.

Richard Audet se réjouit également de maintenir un taux de rétention des employés de 7 sur 10 depuis 2 ans.

«C'est excellent dans notre domaine.»

OSTC compte 400 négociateurs, dont une trentaine à Montréal, et l'embauche se poursuit.