Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent former leur main-d'oeuvre. La Presse propose une série d'articles sur des entreprises qui ont investi dans la formation. Cette semaine, la reconnaissance des acquis chez Fibre de verre Sherbrooke.

Les employés de Fibre de verre Sherbrooke apprennent généralement leur travail «sur le tas» parce que le diplôme d'études professionnelles (DEP) mise en oeuvre de matériaux composites attire trop peu d'élèves. Grâce au soutien financier d'Emploi-Québec et à la Commission scolaire des Sommets, qui offre de la reconnaissance des acquis dans le domaine et la formation manquante, plusieurs employés de Fibre de verre Sherbrooke ont décroché le DEP.

«En production, nous donnons l'essentiel de la formation pratique, mais on ne peut pas donner le volet théorique», indique Réal Gagnon, vice-président de Fibre de verre Sherbrooke.

Alors que l'hiver le nombre d'employés passe généralement de 15 à une dizaine parce que l'entreprise réalise moins de balcons et de marches en fibre de verre, certains salariés ont pu profiter de cette période de l'année pour se former.

Être rémunéré pour apprendre

Fibre de verre Sherbrooke cible chaque année quelques employés intéressés à compléter le DEP. À l'automne, un évaluateur vient les rencontrer.

«Il travaille avec mon technicien qui lui montre ce que les employés ont appris, explique M. Gagnon. L'évaluateur pose des questions et après deux heures environ, il a déterminé les connaissances de chaque employé et ses besoins de formation.»

Ensuite, les employés assistent aux cours qui se donnent en grande partie chez Fibre de verre Sherbrooke.

«La formation et les examens sont vraiment adaptés à chacun. Ceux qui maîtrisent plus de contenus obtiennent plus rapidement leur diplôme», précise M. Gagnon.

Emploi-Québec subventionne complètement leur formation.

«Je continue de les payer pendant la formation et Emploi-Québec me rembourse, indique M. Gagnon. Ça leur permet d'avoir leur salaire presque tout l'hiver.»

Les employés de Fibre de verre Sherbrooke, entreprise fondée en 1982, ont été très enthousiastes à l'idée de se former.

«La première année, six employés voulaient faire le DEP, précise M. Gagnon. Ceux qui n'ont pas pu y aller cette année-là y sont allés l'année suivante.»

Ce fut le cas de Jean Hamel, employé de Fibre de verre Sherbrooke depuis 10 ans.

«C'est bon d'aller se chercher un diplôme pour le travail, mais aussi pour soi-même», dit-il.

Obtenir un premier diplôme peut aussi donner des idées à certains employés.

«Quelques-uns ont décidé par la suite de faire les cours qu'il leur manquait pour obtenir leur diplôme d'études secondaires», affirme M. Gagnon.

Les résultats

Dans l'usine, la formation des employés a apporté plusieurs changements.

«Quand ils reviennent formés en mars, ça paraît, affirme Réal Gagnon. Leur niveau technique s'améliore beaucoup, même pour mes employés les plus anciens. Ils apprennent avec le DEP tous les procédés, les catalyseurs, les sortes de résine, etc. Le DEP a aussi un volet santé et sécurité qui porte sur les dangers des produits utilisés. Je peux demander beaucoup plus de choses à mes employés après la formation. Ils sont plus autonomes.»

«L'entreprise n'a pas toutes les machines: on en a vu un peu plus avec la formation, indique Jean Hamel. J'ai appris aussi plus de techniques avec des chiffres précis. Je me suis rendu compte qu'il y en avait gros que je savais, mais qu'il y en avait gros que je ne savais pas.»

La formation est un grand avantage pour l'employeur lorsqu'il implante de nouveaux procédés.

«Par exemple, l'hiver, on fait beaucoup de fabrication de pièces moulées, indique M. Gagnon. Avant, on le faisait à la main, mais maintenant, on le fait par injection. Il a fallu former nos employés, mais le fait que plusieurs aient le DEP a facilité les choses parce qu'ils avaient vu le procédé dans leurs cours. Aussi, nous allons installer des robots pour faire la découpe des pièces. Il y a une base en robotique dans le DEP, donc ceux qui l'ont fait pourront alimenter les robots.»

Emploi-Québec subventionne aussi la formation d'un employé qui fera la programmation des robots.

Ces changements dans l'entreprise sont très avantageux, d'après Réal Gagnon.

«Les nouveaux procédés de fabrication rendent l'usine beaucoup plus propre, dit-il. Il y a moins de poussière, moins d'odeurs, des éléments qui n'aidaient pas au recrutement. Les conditions de travail s'améliorent.»

Entrepris en 2007 pour des enjeux d'attraction et de rétention de main-d'oeuvre, les efforts de formation se poursuivent chez Fibre de verre Sherbrooke. Ce mois-ci, deux employés commencent leur DEP.