Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent former leur main-d'oeuvre. La Presse propose une série d'articles sur des entreprises qui ont investi dans la formation. Cette semaine, Simard Suspensions, de Baie-Saint-Paul, spécialisée dans les véhicules lourds.

Il y a quelques années, les dirigeants de Simard Suspensions s'inquiétaient de la pénurie de main-d'oeuvre annoncée. Pour y remédier, ils ont déployé une stratégie proactive pour subvenir aux besoins d'employés qualifiés.

«La réalité démographique dans la région de Charlevoix nous préoccupait avec les nombreux départs à la retraite et le fait qu'il y a moins de jeunes dans les écoles», raconte David Tremblay, président-directeur général de Simard Suspensions.

L'entreprise a développé une expertise pointue au Québec pour les camions 12 roues.

«Les camions peuvent transporter du béton ou du gravier, ou servir de camions d'incendie ou à ordures, explique M. Tremblay. Nous travaillons principalement avec des camions neufs que nous optimisons. Nos employés d'usine sont généralement des mécaniciens, des électrotechniciens, des soudeurs-monteurs ou des machinistes, mais nous devons toujours former les nouveaux, leur donner des notions d'assemblage mécanique.»

La solution en formation

Simard Suspensions souhaitait s'assurer d'avoir accès à suffisamment de main-d'oeuvre qualifiée. Au même moment, la Commission scolaire de Charlevoix perdait son partenaire de formation pour le diplôme d'études professionnelles (DEP) Soudage-montage et s'en cherchait un nouveau.

«Le mariage a été spontané!», s'exclame David Tremblay.

Pour répondre encore davantage à ses besoins particuliers de formation, Simard Suspensions a mis sur pied il y a six ans, avec Formation continue Charlevoix, le programme d'apprentissage sur mesure en alternance travail-études Techniques d'assemblage et de fabrication mécanique. «Emploi-Québec est aussi partenaire puisqu'il finance le projet», indique David Tremblay.

Les groupes sont formés de 12 à 14 étudiants de différents âges.

Mathieu Thivierge, chef d'équipe chez Simard Suspensions, a relevé le défi de devenir formateur. Lorsqu'un groupe commence le programme de 370 heures, M. Thivierge est retiré du contexte de production pour se consacrer à temps plein à ses étudiants.

La formation théorique et pratique se donne chez Simard Suspensions.

«Je me rappelle qu'à l'école, je n'aimais pas beaucoup la théorie, raconte Mathieu Thivierge. Lorsque j'ai commencé à donner la formation, j'avais plusieurs idées d'outils pratiques pour faciliter l'apprentissage. Les jeunes apprennent dans un contexte pratique, mais s'ils font des erreurs, ce n'est pas grave parce qu'ils ne sont pas sur de vrais camions. J'utilise aussi des vidéos. Ça fonctionne. Plusieurs ont des étincelles dans les yeux.»

Les résultats

Les finissants du programme Techniques d'assemblage et de fabrication mécanique connaissent bien la réalité de Simard Suspensions et son équipe. Un avantage considérable pour l'entreprise lorsque vient le temps de pourvoir des postes.

«Dans les deux dernières années, nous avons embauché tous les finissants, précise David Tremblay. Souvent, ceux qui ont moins d'intérêt pour le type de travail ou qui ont un problème d'attitude abandonnent le programme en cours de route. Le processus de sélection se fait naturellement.»

En 10 ans, le nombre d'employés chez Simard Suspensions est passé de 30 à plus de 150.

«Dans un milieu où la population est peu nombreuse, c'est bon, affirme M. Tremblay. On ne peut pas dire que notre croissance a été ralentie par un manque d'effectif, mais il reste que l'embauche représente un défi de tous les instants pour nous.»

Le PDG remarque aussi que les nouveaux employés diplômés de ce programme de formation sont autonomes et productifs beaucoup plus rapidement que les autres sur le plancher.

«En formation, ils sont plus à l'aise de poser des questions parce que cela ne ralentit pas la production, remarque-t-il. Les finissants sont mieux outillés et moins susceptibles de commettre des erreurs. Pour nous, cela se traduit en économies en bout de piste.»

Mathieu Thivierge travaille avec ses anciens étudiants dans le quotidien et remarque que leur courbe d'apprentissage est impressionnante.

«C'est beaucoup plus rapide que si je compare avec mon expérience, précise-t-il. J'ai été embauché en 2004 après un cours en mécanique industrielle et j'ai appris sur le tas. J'ai eu beaucoup moins d'outils qu'eux, et les autres employés n'avaient pas vraiment le temps de me montrer le travail correctement.»

Simard Suspensions a réussi à réunir jusqu'à maintenant suffisamment d'inscriptions pour démarrer une cohorte par année.