Nouveaux logiciels, arrivée de la mobilité, conquête de nouveaux marchés, entrée de la génération Y sur le marché du travail; le changement est partout dans les organisations. L'élan du dauphin, traduction du livre écrit par l'Américain Dudley Lynch, vient de paraître aux Éditions de l'Homme. On y prône le changement comme une occasion d'avancement plutôt qu'une menace.

Pouvez-vous aisément lâcher prise lorsqu'une stratégie devient dépassée? Savez-vous évaluer l'efficacité et le bénéfice d'une nouvelle idée avant de vous lancer? Suscitez-vous l'enthousiasme de votre équipe avec vos projets? Si oui, vous êtes probablement un dauphin, d'après Michèle Carrier, cofondatrice du Groupe Metafor International qui donne des formations depuis 20 ans dans le monde des affaires pour appliquer les stratégies développées par Dudley Lynch.

«Un dauphin a l'esprit pragmatique et fonctionnel, explique Michèle Carrier. Il adopte rapidement de nouvelles valeurs et de nouvelles façons de voir le monde pour mieux composer avec la complexité de la réalité et la vitesse avec laquelle les événements se succèdent.»

Le dauphin fixe les résultats finaux plutôt que le début du processus; il ne tergiverse pas sur ses peurs.

«En regardant vers le point d'arrivée, les problèmes apparaissent beaucoup plus faciles à résoudre, remarque Mme Carrier. Ils disparaissent pratiquement au fur et à mesure qu'on avance. C'est la beauté de la stratégie.»

Pour avancer intelligemment, il faut toutefois se connaître en profondeur.

«Il faut découvrir ses talents uniques et les lier avec des besoins dans la société pour apporter sa contribution personnelle», affirme Michèle Carrier, qui dirige le Groupe Metafor International avec son conjoint Charles Boulos.

À titre d'exemple, elle cite celui qui découvre qu'il a un grand talent pour communiquer et vulgariser des éléments complexes. «Il favorisera la compréhension d'éléments complexes chez des gens, dit-elle. Cela le poussera à réaliser de petites et grandes actions dans les différentes sphères de sa vie.»

Lorsqu'il souhaite faire un bond, le dauphin doit se demander s'il a ce qu'il faut. «Le dauphin devra partager sa vision du résultat final avec son équipe pour la faire adhérer avec enthousiasme, explique Michèle Carrier. Il faut bien connaître la situation donnée et les solutions possibles. Ensuite, il faut se demander si on comprend réellement son projet ou ce qu'on apporte à la table de négociation. Il faut avoir les compétences nécessaires.»

Ensuite, la dimension affective entre en jeu.

«Il faut se demander si son projet fait naître l'enthousiasme, croit Mme Carrier. Si ce n'est pas le cas, comment susciter l'enthousiasme auprès de son équipe? En ne faisant appel qu'à l'intelligence des gens, on n'arrive généralement pas à les rallier. Il n'y a pas de grandes percées sans enthousiasme. La dimension affective doit susciter la coopération et la participation des gens pour arriver au résultat souhaité.»

Un cheminement

Vous ne croyez pas maîtriser l'art du dauphin? Ne vous découragez pas; devenir un dauphin semble un long processus.

«Ça prend une vie à raffiner ses actions», dit Michèle Carrier.

Dans le livre, on parle de la «carpe», qui ne pense jamais pouvoir gagner, et du «requin», qui souhaite gagner à tout prix même s'il doit faire du tort aux autres. Vient ensuite le «quasi-poisson volant», qui croit que tous finiront par gagner et qui se laisse porter par le courant.

«Souvent, une personne traverse ces différents stades avant de devenir un dauphin, constate Mme Carrier. C'est un cheminement. Le dauphin veut gagner, mais il veut aussi voir les autres gagner. Pour y arriver, il suscitera la coopération de tous. C'est ainsi qu'on construit quelque chose de vraiment valable dans une organisation parce que chacun peut se réaliser, progresser.»

Il est conseillé de se répéter souvent quelques mantras, une fois qu'on s'est finalement métamorphosé en dauphin. Par exemple, «Le monde est tel qu'il est», «Les décisions ont des conséquences» ou «Je ne suis pas ici pour sauver le monde».

«Le dauphin n'est pas un surhomme, affirme Mme Carrier. On vit dans un monde incertain et imprévisible. Il faut constamment se souvenir de prendre le monde tel quel tout en se préparant au prochain bond.»

> L'élan du dauphin est la suite de La stratégie du dauphin, paru en 1994 et réédité cette année par les Éditions de l'Homme.