Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent investir de plus en plus en formation. Comment s'y prendre? La Presse vous propose une série d'articles pour découvrir chaque samedi un problème rencontré par une entreprise et comment elle a été résolue en investissant en formation. Cette semaine, Industries Océan, un chantier de construction et de réparation de navires situé à L'Isle-aux-Coudres montre comment elle affronte ses grands besoins de main-d'oeuvre spécialisée.

Le problème

Industries Océan a connu une croissance importante ces dernières années et a dû embaucher un grand nombre de travailleurs.

«Le recrutement est un défi et nous n'arrivons pas toujours à trouver des gens formés et expérimentés», affirme Peggy Flowers, conseillère en ressources humaines chez Industries Océan.

L'entreprise embauche des mécaniciens, des soudeurs-monteurs, des manoeuvres, des électriciens et des machinistes pour répondre aux besoins de clients tels que la Société des traversiers du Québec et la Garde côtière canadienne. Plusieurs nouveaux employés ont de l'expérience dans un autre secteur d'activité que le chantier naval.

«Notre domaine a ses particularités, indique Mme Flowers. L'équipement et l'environnement de travail présentent des risques; les employés travaillent en espace clos, en hauteur, etc. Notre défi était d'embaucher des gens et de les rendre rapidement efficaces et autonomes.»

La solution en formation

Industries Océan a mis en place un programme avec le Centre de formation professionnelle de Charlevoix et Emploi-Québec.

Claude Santerre, aujourd'hui coordonnateur assurance qualité chez Industries Océan, a participé au projet pilote en 1999 alors qu'il avait 19 ans.

«J'ai traversé un processus de sélection, puis j'ai été formé comme monteur d'acier maritime, indique-t-il. Tout ce que nous apprenions à l'école était lié au domaine naval. Par exemple, apprendre la lecture de plans se faisait avec des plans maritimes. Ensuite, Industries Océan regardait si nous avions développé les compétences nécessaires pour être embauché et j'ai eu un emploi.»

La dernière cohorte du genre a été formée en 2011.

Chaque nouvel employé doit suivre une formation en santé et sécurité au travail.

«C'est très important de nous assurer de minimiser les risques, affirme Peggy Flowers. Notre équipe sur place donne la formation de base et des compléments selon les tâches que chaque employé aura à réaliser.»

Les investissements en formation ont augmenté d'environ 45% depuis trois ans chez Industries Océan.

«Nous regardons fréquemment les possibilités de formation pour nos différents corps de métiers et les subventions d'Emploi-Québec, affirme Peggy Flowers. Nous sommes aussi à l'écoute des besoins des travailleurs et nous les encourageons à demander des formations. Nous évaluons chaque demande et nous pouvons lancer des projets à l'interne ou à l'externe.»

Claude Santerre a fréquemment sollicité des formations depuis son arrivée chez Industries Océan.

«J'ai toujours montré que je voulais aller plus loin, je suis allé chercher des postes de chef d'équipe, puis en 2005, mon employeur m'a payé le cours pour obtenir la certification de superviseur au Bureau canadien de soudage», raconte-t-il.

Il a obtenu son poste actuel en 2007.

«Je gère les inspections de sociétés externes, comme Transport Canada et je fais le suivi de la fabrication des navires, explique Claude Santerre. J'ai formé mon équipe de quatre personnes, puis j'ai pu développer d'autres expertises. Mon employeur m'a payé les cours et je suis devenu inspecteur en soudage niveau 2 en 2011. Je peux maintenant signer des rapports affirmant que la structure construite est conforme.»

Les résultats

Avant de former Claude Santerre pour devenir inspecteur en soudage niveau 2, Industries Océan allait chercher cette expertise à l'externe.

«La formation continue nous permet de bénéficier d'une équipe performante capable de répondre aux normes de qualité élevées de l'industrie, affirme Peggy Flowers.

Les investissements en formation facilitent aussi l'attraction et la rétention de la main-d'oeuvre. Les employés, comme Claude Santerre, peuvent développer leur carrière au sein de l'organisation. Depuis 2008, le personnel en production a doublé chez Industries Océan pour atteindre près de 150 personnes.

«C'est stimulant d'élever son niveau de connaissance, affirme Mme Flowers. Lorsque nous affichons une nouvelle formation pour cinq travailleurs par exemple, il y a souvent davantage de volontaires et ceux qui ne sont pas choisis sont déçus! Les travailleurs se sentent privilégiés lorsqu'on leur offre du perfectionnement.»

L'an dernier, plus de 1500 heures de formation ont été données chez Industries Océan à L'Isle-aux-Coudres. D'autres projets sont en développement.

«Nous travaillons avec le Centre de formation professionnelle de Charlevoix pour développer un programme sur mesure de formation continue en soudage, explique Mme Flowers. Le formateur connaît déjà bien nos besoins et la formation développée pourra répondre à nos besoins spécifiques.»