Steve Rasier, qui gère la carrière de l'humoriste Rachid Badouri, sourit devant sa description de l'agent d'artistes type! «Les gens ont le stéréotype du gros bonhomme avec un cigare qui donne des ordres à son artiste», ironise-t-il.

Pensez au gérant bedonnant du vidéoclip Le feu sauvage de l'amour de RBO, dans les années 80, ou à ces producteurs qui jouaient les gérants par la bande, davantage intéressés par les revenus de vente de billets d'un spectacle que par sa mise en scène.

Les temps ont changé? Oui. N'empêche, au dire de Steve Rasier, on deviendrait encore agent sans véritable formation. «Malheureusement, cette lacune peut mettre en péril la carrière de l'artiste», affirme-t-il.

Le 24 septembre, celui qui a été acheteur pour le Groupe Aldo avant de gérer les carrières de Badouri, de l'humoriste Eddy King, du boxeur Jean Pascal et du chanteur Gage, ouvre à Montréal l'Institut Vision, une école spécialisée en gérance artistique.

«Un des gros problèmes dans l'industrie, c'est la relève, estime Rasier. On prend habituellement des gens en communications et des producteurs qu'on essaie de former. Présentement, on opère simplement comme on le sent. Les artistes peuvent en souffrir. Il y a aussi plus de gérants de portefeuille que de gérants d'artistes, à mon avis. On mise davantage sur la carrière que sur l'être humain.»

Le fondateur met la dernière touche aux locaux de l'école située à Saint-Léonard. «Il a fallu construire 2 classes de 50 élèves», explique Steve Rasier.

Trois personnes sont inscrites à la formation (de trois sessions) de 12 000$. Celle-ci comprend des cours tels Introduction à la gérance, Gestion d'entreprise, Contrat et droits légaux, Éthique et protocole, Marketing et positionnement de l'image, Industrie de la musique, Agent sportif et Agent de tournée. «On aimerait bien avoir de 15 à 25 inscriptions en cette première année de cours», dit Steve Rasier.

Comme à l'Institut Trebas, les professeurs (Jacques K. Primeau, Mario Lefebvre, Guy Lévesque, Benjamin Phaneuf...) sont issus du milieu artistique et culturel. «J'ai approché des professionnels actuels de l'industrie que j'admire», soutient Steve Rasier.

Plusieurs disciplines

L'Institut Vision n'est pas la première école à offrir des cours de gérance et de gestion en milieu culturel. «Mais on touche à plusieurs branches dans la gérance», estime Rasier.

De son côté, l'École du Show Business propose dans son programme de gestion un cours de gérance d'artistes «dans lequel les étudiants sont exposés à plusieurs disciplines, tant l'humour que la musique et la peinture, explique le professeur et responsable des admissions, Kevin Richard. On s'est adaptés et diversifiés avec le temps. On fait maintenant autre chose que de la gestion d'artistes musicaux. Autrement, on ne serait plus dans le marché".

Quant à l'Institut Trebas, son programme de 12 mois en gestion de l'industrie de la musique (environ 12 000$ de droits de scolarité) permet de travailler pour une agence qui gère plusieurs artistes, pour des salles de spectacle ou encore pour des entreprises de jeux vidéo.

«Une grande différence avec d'autres écoles, c'est que le contenu de l'Institut Trebas est jugé universitaire, donc il faut avoir un DEC pour s'y inscrire, explique le directeur des admissions, Patrick Golding. Les candidats de 21 ans et plus peuvent aussi être admis sur la base de leur expérience.»

De 30 à 35 personnes par an y sont inscrites pour des cours donnés en français ou en anglais. «Car 20% des étudiants viennent de l'international, et de 10 à 12%, des autres provinces canadiennes», dit Patrick Golding.