Richard Benoit est le patron de ses deux fils, Ludovic et Marc-Olivier, depuis des années. Alors que le premier est formé en administration, le deuxième se consacre à la vente. Une situation rêvée pour le patriarche, qui compte leur léguer son entreprise, GB Équipement, dans quelques semaines.

Pour l'homme de 52 ans, il était primordial d'entamer la formation de ses fils le plus tôt possible. «Quand ils étaient jeunes, je les amenais avec moi au travail, durant les vacances et les fins de semaine. Ils ont fait de tout, autant ranger les outils que balayer les planchers, se rappelle l'entrepreneur de Sainte-Brigitte-des-Saults. On a appris à travailler ensemble, à identifier nos forces et nos faiblesses et à se parler.»

Richard Benoit apprécie toutefois que Marc-Olivier et Ludovic aient eu des boulots d'été à l'extérieur de son entreprise. «Ça leur a donné le temps de voir ce qu'ils préféraient entre travailler pour un autre, de 8 h à 17 h, et avoir leur entreprise et les gros horaires qui viennent avec», soutient l'homme d'affaires.

Même si Ludovic Benoit a aimé son expérience hors du giron familial, il sait depuis longtemps qu'il préfère travailler avec son père. «Il a déjà franchi les étapes, il m'outille pour l'avenir et me sert de modèle, affirme le jeune homme de 26 ans. Je n'ai jamais hésité à travailler pour lui. Et de toute façon, lui ou un autre patron, ça ne change rien. Si ça n'avait pas fonctionné, j'aurais tourné mes bottines de bord et je serais allé ailleurs.»

C'est dans le même esprit qu'il a évolué aux côtés de ses collègues. «Au début, c'est sûr que les autres te regardent, dit Ludovic. Tu ne peux pas exécuter les tâches à moitié seulement parce que tu es le fils du boss. Je devais faire mes classes comme tout le monde. Mais les employés nous connaissent, mon frère et moi, depuis qu'on est jeunes. Ils savent qu'on travaille fort et qu'il n'y a aucun favoritisme.»

Sous le microscope

L'aîné des garçons, Benoit, est cependant très conscient que l'arrivée d'un nouveau venu dans l'entreprise est accompagnée d'une période d'observation.

«Les premiers mois, on est vus comme les fils du boss. Il y a une petite gêne. C'est important pour nous de faire sentir dans notre attitude qu'on est sur un pied d'égalité. On est faciles d'approche et très humbles.»

Même si Ludovic et Marc-Olivier sont des employés comme les autres sur le terrain, leur père les considère comme des actionnaires depuis le premier jour. «Je discute avec eux avant de prendre plusieurs décisions. Je les invite à faire les entrevues avec moi pour choisir de nouveaux employés. Je fais tout pour qu'ils connaissent l'entreprise de fond en comble. Je peux même les laisser trancher certains dossiers.»

Richard Benoit se trouve carrément choyé de pouvoir travailler avec ses fils. «J'ai pleinement confiance en eux. Je sais qu'ils sont honnêtes et loyaux. C'est rassurant de les avoir avec moi. Quand je pars en vacances, j'ai l'esprit tranquille.»

Autre élément favorisant leur collaboration: les trois hommes ont le réflexe de faire une coupure entre le boulot et la famille. «Lors de nos soupers familiaux, on ne parle presque jamais de travail, souligne Ludovic. On n'a jamais vraiment eu de gros conflits personnels, mais, s'il y en avait, on réglerait ça entre nous, à la maison. On communique beaucoup et on est assez outillés pour se parler avant qu'une chicane éclate.»