Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus. Cette semaine nous vous présentons un oenologue.

Le vin est une affaire de goût. C'est aussi une question de science et de chimie. Pour s'assurer que tout est bien balancé, les vignerons peuvent compter sur l'aide de Jérémie d'Hauteville, oenologue consultant.

Tout a commencé en 1999. Après une formation universitaire de trois ans en France en agronomie, option viticulture-oenologie, et une autre de deux ans en oenologie, le diplômé de l'Agro-Montpellier a amorcé sa carrière dans le Languedoc-Roussillon.

Trois ans plus tard, Jérémie d'Hauteville décide de laisser de côté les crus français et de s'installer dans la Belle Province. «J'avais envie de découvrir ce qui se faisait ailleurs, explique-t-il. Au départ, je pensais m'établir en Ontario, mais j'ai finalement opté pour le Québec, où la production de vin était encore petite.»

OEnoQuébec

Son premier boulot, il l'a déniché au Vignoble Rivière du Chêne, à Saint-Eustache. C'est là qu'il a rencontré celui qui allait plus tard devenir son associé, Richard Bastien. «Ensemble, on a eu l'idée de fonder OEnoQuébec, pour offrir des conseils aux producteurs d'ici», se souvient Jérémie d'Hauteville. L'entreprise est née en 2006.

Quarante producteurs de vins et 20 producteurs de cidres font aujourd'hui appel à leurs services.

Un oeil sur toute la production

Un bon oenologue est un scientifique qui possède un don de dégustation. Il doit également avoir une vision globale du marché et de la production.

De la sélection des vignes (ou de la variété de pommiers) aux vendanges en passant par la vinification et la mise en bouteilles, Jérémie d'Hauteville est présent à toutes les étapes de la fabrication. «Je goûte au fur et à mesure pour m'assurer qu'il n'y a pas de maladies ou de défauts. J'aide aussi le viticulteur à choisir le bon procédé pour réussir à obtenir exactement le vin désiré», dit-il.

Le spécialiste donne des conseils ponctuels ou fait un suivi annuel. Il peut notamment observer l'apparence et le goût du vin, mais aussi faire l'analyse chimique du produit (sa densité, son pH, son acidité, etc.).

L'horaire de Jérémie d'Hauteville varie selon les saisons. L'automne, il consacre toutes ses énergies au vin. La fin de l'année, il se concentre sur les cidres, alors que les mois de janvier et février sont réservés au vin et au cidre de glace. «Ensuite, je fais le bilan de l'année et les prévisions pour l'année suivante», ajoute-t-il.

Un métier de l'ombre

L'oenologue de 38 ans chérit particulièrement les rencontres qu'il fait avec les producteurs et les liens qu'il tisse avec eux. «Je suis certains d'entre eux depuis le début. C'est motivant de voir leurs progrès.»

Avec sa superficie trois fois plus grande que celle de la France, le Québec fait toutefois beaucoup voyager Jérémie d'Hauteville. «C'est un des seuls points négatifs, par contre», soutient-il. Il admet néanmoins que son travail en est un de l'ombre et que son apport à un grand cru est rarement cité.

Cuvée québécoise

Jérémie d'Hauteville se réjouit de voir la production de vin se professionnaliser au Québec.

«En 10 ans, j'ai vu beaucoup de changements, assure-t-il. La qualité des produits est plus grande, les raisins sont meilleurs et on voit de plus en plus d'agronomes et de gens spécialisés dans le domaine. La production québécoise est entrée dans sa phase adulte.»

On lui souhaite une belle maturité.