Restructuration ou baisse de commandes, bien des raisons peuvent expliquer des mises à pied. Chaque fois, l'annonce est brutale, qu'on soit gestionnaire ou simple employé.

Certains secteurs d'activité ressentent les soubresauts des cycles économiques plus que d'autres, entraînant des suppressions de postes. Comment amoindrir les conséquences négatives d'une telle décision d'affaires pour les «employés survivants» ?

Le plan d'action qui sera appliqué par l'employeur compte pour beaucoup et s'appuie sur trois mots: communication, transparence et cohérence, l'affirme Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Il ne faut pas craindre de justifier les raisons de ces suppressions d'emploi avec son équipe et de répondre à ses questions, soutient-il.

Le psychologue du travail Éric Tremblay abonde dans le même sens. Pour atténuer les répercussions négatives, le gestionnaire doit rencontrer le personnel dans l'heure qui suit l'annonce, afin d'expliquer les objectifs et les circonstances de cette restructuration ainsi que les changements qui seront apportés à l'unité de travail.

«Des fois, les personnes licenciées profitent d'un programme de transition de carrière, d'une quittance, d'une firme externe pour déménager. Ça peut avoir un impact sur les gens qui restent de sentir que ces coupes ont été effectuées de façon équitable et respectueuse», fait-il savoir.

Suggérer au personnel de prendre contact avec ses anciens collègues est une autre façon d'adoucir le choc. Lors de la mise à pied d'une centaine de travailleurs en janvier 2012, Sanofi Canada a révélé leur identité sur son site intranet. La directrice des communications, Joanne Kennedy, indique que des lettres signées de la direction reconnaissant le bon travail des employés mis à pied y ont été publiées. Une façon de valoriser la qualité de leurs services rendus tout en leur signifiant que la décision n'avait rien de personnel. Selon elle, cette «mesure extraordinaire» a eu une incidence positive sur les employés survivants et a rendu ce passage obligé «plus humain.»

Ça touche tout le monde

Aucun gestionnaire ne se réjouit d'une telle nouvelle. En août 2012, le vice-président aux opérations chez Fabspec, Martin Michaud, rédigeait une lettre à 30 employés annonçant la perte de leur gagne-pain en raison d'une baisse de commandes. La lettre leur a été remise en main propre par le directeur de production. «Nous sommes une famille», reconnaît-il.

Il est arrivé par le passé qu'un gestionnaire demande un congé ou annule des tâches hebdomadaires à la suite d'une période de mises à pied.

Pour susciter l'esprit de collaboration chez les employés qui conservent leur poste, la transparence est recommandée, signale M. Francoeur. «Les gens voudront être rassurés. On leur dit, par exemple, qu'à moins d'un événement majeur, on pense que leur emploi est protégé. Si on ne peut pas les rassurer, on leur dit que tout dépend des ventes», précise-t-il.

Message cohérent

Il importe que les gestionnaires annoncent les mises à pied de façon concertée afin d'envoyer un message cohérent, souligne Florent Francoeur. «On s'assure de former les gestionnaires en conséquence. Après l'annonce, on leur recommande de rencontrer leur équipe pour identifier les sources de frustration, de stress, de culpabilité et d'inquiétudes. On fait connaître les préoccupations à la haute direction pour qu'elle agisse en conséquence. Il faut que l'information circule», suggère-t-il.

Ensuite, on mobilise son équipe. «Le gestionnaire comme le directeur doivent rassurer, expliquer, insister sur le travail d'équipe, coacher au besoin.»

L'occasion peut d'ailleurs être belle pour offrir de la formation à son personnel, comme le fait Fabspec lors de périodes creuses. «Si l'ajout de nouvelles tâches correspond à leurs intérêts, le changement peut paraître positif», renchérit M. Tremblay.