Absentéisme, présentéisme, problèmes de santé de nature psychologique ou physique... Les coûts liés au stress au travail atteindraient 14 milliards annuellement au Canada. S'ils sont généralement bien au courant de cette réalité, les employeurs tardent souvent à agir, faute de temps et de solutions concrètes. C'est une des raisons qui a poussé Béatrice Javaudin à créer les événements Ressour-C.

Fondatrice de Clientis, entreprise spécialisée en solutions d'affaires, Béatrice Javaudin a pris conscience de l'importance du bien-être en entreprise à la suite d'expériences personnelles qui l'ont troublée. «J'ai vu l'intrusion du stress d'une façon négative et de plus en plus importante chez les gestionnaires. J'ai été témoin d'événements choquants, de gestionnaires qui craquaient et qui ont même commis des gestes irréparables. J'ai donc lancé, en 2011, l'opération Ressour-C pour aider les entreprises qui veulent apporter des solutions concrètes dans leurs équipes.»

Il est vrai que les chiffres sont alarmants: d'ici 2020, la dépression majeure deviendra la deuxième cause d'invalidité chez l'humain, selon l'Organisation mondiale de la santé. En 2012, selon l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), de 50 à 60% des absences étaient causées par la maladie mentale au Québec. Cette proportion était de 30% il y a 15 ans. Malgré cela, seulement 15% des entreprises canadiennes ont un programme de santé et de mieux-être au travail.

Une incohérence, selon Mme Javaudin, qui s'appuie sur plusieurs études, puisque chaque dollar investi pour la santé en entreprise rapporterait de 1,50$ à 4$. Où est le problème, alors?

Difficile de mettre en place des actions concrètes

«Ce n'est pas que les gestionnaires ne sont pas conscients de leurs lacunes et responsabilités. Mais avec toute la pression qu'ils subissent, ils finissent par se faire gagner par l'immobilisme; ils ne voient pas comment mettre en place des actions concrètes.»

Concret et accessible: voilà le mot d'ordre que s'est donné Mme Javaudin avec ses événements Ressour-C, dont la deuxième présentation se tiendra en deux temps. D'abord, un salon exposition sur le mieux-vivre en entreprise se déroulera le 15 mars à l'hôtel Le Westin. Il regroupera une vingtaine d'exposants et plusieurs spécialistes, dont la nutritionniste Isabelle Huot et un maître yogi. Suivra une retraite exécutive au mont Tremblant, les 24 et 25 mai. Conférences, réseautage, tables rondes et certification gratuite du Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail sont à l'ordre du jour.

«Ces deux événements se veulent très accessibles, pratico-pratiques, avec une foule d'outils concrets et faciles à mettre en oeuvre. Par exemple, le salon présentera en avant-première le lit NeuroSpa, créé par Ovarium: quelques minutes dedans et on se sent complètement relaxé! On a invité aussi plusieurs sportifs à venir parler, car on croit beaucoup au sport dans les entreprises», explique-t-elle.

Parlant sport, la porte-parole de Ressour-C est Kathy Tremblay, triathlonienne olympique désormais retraitée. Elle planche elle-même sur un projet - Équipe Altius -, qui devrait être lancé officiellement en avril.

«L'objectif est d'augmenter la productivité en entreprise par le biais d'un programme de santé bien-être en milieu de travail. On offrira une trinité de services: des conférences, un volet web interactif et un en action au sein même de l'entreprise. On veut ainsi contrer trois enjeux de société: le stress et l'épuisement professionnel, les troubles musculo-squelettiques et la santé digestive, en lien avec l'alimentation.» Plusieurs athlètes et entraîneurs ayant participé aux Jeux olympiques feront partie de son équipe.

Le but? Instaurer dans les entreprises une vraie économie du bonheur, à l'image du Bhoutan, pays situé près du Népal, qui a créé en 1972 l'indice du Bonheur national brut. «Dans les entreprises, la pression est grandissante pour l'obtention de résultats rapides, sans égard à l'ambiance de travail. Pourtant, 60% des employés disent que le plus important dans leur milieu de travail, c'est l'ambiance [selon une enquête de Randstad]. Lorsqu'on prend soin de nos employés, la performance et la reconnaissance vont augmenter. Cela devient un outil puissant de rétention et d'acquisition», conclut Mme Javaudin.