Les notions de «semaine» et de 9 à 5 sont très variables pour les travailleurs autonomes dont le nombre a presque doublé en 30 ans au Québec. Près de 550 000 Québécois aujourd'hui seraient leur propre patron. Pour écrire le Petit manuel du travail autonome, les auteures Martine Letarte et Judith Lussier ont rencontré ces pigistes, qui se sentent parfois seuls au monde, mais qui ne changeraient pas de vie.

«Devant un problème, il m'arrivait souvent de me demander comment les autres travailleurs autonomes réagiraient», confie d'emblée Martine Letarte, journaliste indépendante et collaboratrice à La Presse.

C'est lors d'un rendez-vous fixé avec Judith Lussier, autre pigiste aguerrie, justement pour échanger sur leur expérience commune, que les deux journalistes ont réalisé qu'elles n'étaient peut-être pas les seules à avoir des interrogations sur leur mode de travail.

Les deux jeunes femmes, sans employeur unique, ont eu envie de se pencher sur les défis et les occasions associés à cette pratique de plus en plus populaire.

Le Petit manuel du travail autonome déconstruit au passage certains mythes, comme celui qui veut que tous les pigistes attendent de décrocher un emploi stable. «Je ne pourrais jamais travailler dans un bureau, de 9 à 5», ajoute Judith Lussier.

L'ouvrage aborde évidemment les bons côtés, comme celui d'être maître de son temps et ne pas avoir de patron sur le dos. On y parle aussi des aspects négatifs, comme les entrées d'argent irrégulières et la solitude.

Tout un chapitre est spécialement consacré à ceux qui seraient tentés de faire le grand saut et d'oublier la vie de salarié. «Mais attention, il n'y a pas de recette miracle, précise Judith Lussier qui collabore, entre autres, aux magazines Urbania et Elle Québec. On y trouve des trucs, des conseils et des témoignages, mais ce n'est pas un guide avec des étapes à suivre.»

Les deux journalistes ont interviewé des travailleurs provenant de différents milieux, comme la santé, les arts, l'architecture ou l'immobilier, ce qui donne une bonne vue d'ensemble du travail autonome au Québec. Plusieurs se livrent, presque sans retenue, sur cette facette de leur vie qui, bien souvent, affecte aussi leurs relations interpersonnelles, surtout quand le travail s'effectue à la maison.

On y trouve, entre autres, des témoignages du compositeur FM LeSieur, de l'auteure India Desjardins et de Michelle Blanc, l'experte des stratégies internet et des médias sociaux. Ces travailleurs autonomes, de renom, partagent avec nous leurs bons trucs, mais aussi leurs faiblesses.

Le livre aborde aussi des sujets comme la comptabilité, l'épargne, l'ergonomie, l'organisation et l'importance de décrocher et de prendre des pauses. Un point que peu de travailleurs semblent suivre.

«On me reproche souvent de trop travailler, note Martine Letarte. En échangeant avec nos intervenants, j'ai constaté que j'étais comme eux. Je pense que le travailleur autonome a une certaine passion pour ce qu'il fait et que naturellement, il y consacre beaucoup plus de temps. Depuis la rédaction du manuel, j'essaie de prendre des pauses et décrocher pendant les fins de semaine.»

Ce petit manuel, au ton accessible, jamais scolaire, peut aussi s'avérer intéressant pour les parents de nouveaux travailleurs autonomes. «J'entends souvent de jeunes adultes affirmer que leurs parents s'inquiètent parce qu'ils ont décidé de démarrer leur entreprise. Si ce livre peut aider des parents à démystifier ce type de travail et les rassurer, tant mieux», conclut Judith Lussier.

Le Petit manuel du travail autonome sera sur les étagères des libraires dès demain.

 

Petit manuel du travail autonome - Conseils et témoignages, Martine Letarte et Judith Lussier, 208 pages. Les Éditions La Presse, 22,95$