Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

La Nouvelle-France est peut-être loin derrière, mais elle meuble régulièrement les journées de Francis Back. Armé de ses crayons de couleur - et de beaucoup de patience -, l'illustrateur historique redonne vie à des personnages issus du passé.

L'illustration historique est pratiquement une vocation pour Francis Back. À 4 ans, il gribouillait déjà des Indiens et des coureurs des bois! Il a parfait sa formation en beaux-arts dans un cégep de Montréal, puis à l'École des beaux-arts de Bâle, en Suisse.

«Je suis passionné par la culture autochtone. J'aime démontrer comment les Français se sont adaptés aux autochtones et vice-versa. L'identité québécoise, je la cherche en fouillant ce qui nous rend spécifiques», explique Francis Back, qui cumule 30 ans d'expérience.

L'histoire sous toutes ses formes

Francis Back, 53 ans, est le seul illustrateur historique au Québec. Les maisons d'édition et les musées font notamment appel à ses talents. Il partage son temps entre l'illustration de romans et de manuels, en plus de réaliser des scénarios-maquettes (storyboards, dans le jargon) pour le cinéma.

«On me consulte sur les accessoires, les décors et les costumes. J'ai aussi enseigné l'art du scénario-maquette pendant sept ans en Asie», ajoute-t-il.

On ne réalise pas un dessin historique en criant ciseaux. Dans certains projets, Francis Back doit consacrer deux fois plus de temps à la recherche qu'au dessin. «Ça fait près d'un an que je travaille sur une illustration du quartier du marché Bonsecours en 1708. Je reproduis chaque maison, une par une.»

Recherche minutieuse

Il puise ses connaissances aussi bien dans les écrits et les iconographies de l'époque que dans les archives notariées ou judiciaires. Il a d'ailleurs une certaine prédilection pour ce qu'on appelait les documents d'inventaire après décès. «Tout y est répertorié, jusqu'au contenu des armoires!», explique-t-il.

On ne peut cependant pas tout connaître. «L'astuce, c'est de montrer ce que l'on sait et d'éviter ce que l'on ignore», estime Francis Back.

Il essaie par ailleurs de refléter la société d'hier comme elle est aujourd'hui. Les soldats laissent de la place aux femmes et aux bébés, et toutes les tranches d'âge et les rangs sociaux sont représentés.

La réalisation dont il est le plus fier? «J'ai beau être en histoire, je n'aime pas regarder en arrière! L'illustration du livre Pour le Christ et le roi a néanmoins constitué un jalon dans ma carrière.»

Travail de moine

Francis Back est libre de son temps. «Si je suis inspiré, je peux travailler 14 heures par jour. Quand, au contraire, rien ne me vient, je jardine ou je joue avec mes chats. J'apprécie beaucoup qu'il n'y ait pas une journée pareille.»

Précision et patience sont de précieux alliés de l'illustrateur historique.

«On ne réalise pas toujours l'ampleur de la recherche qu'il y a derrière un dessin. Je me documente sur les costumes, les plantes et même les animaux», dit-il. Par exemple, il n'y avait pas de tomates dans les premières colonies, ni de cochons roses (ils étaient plutôt tachetés). Vous l'aurez appris ici.

Pour observer de plus près le travail de moine de celui qui dessine l'histoire d'un coup de crayon, l'exposition Dessiner l'Amérique française est présentée du 1er mars au 30 avril au musée Marguerite-Bourgeoys à la chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours. Une incursion vers le passé qui vaut le détour.