Le blues hivernal incite peut-être certains à entreprendre un virage à 180 degrés sur le plan professionnel. Attention, toutefois, au risque de dérapage.

Ancienne accessoiriste sur un plateau de télévision, Catherine Gingras travaillait auparavant jusqu'à 17 heures d'affilée. Un horaire difficilement conciliable avec l'arrivée de son bébé, qui a maintenant 16 mois.

Pendant son congé de maternité, elle a offert en cadeau une poupée de chiffon à une amie photographe. À sa grande surprise, la figurine a suscité un engouement sur sa page Facebook.

À la suite d'une rencontre avec le Centre local de développement de Longueuil, elle a lancé sa propre entreprise de fabrication de poupées, Gamine&cie. Depuis août, elle profite de l'aide du Programme de soutien aux travailleurs autonomes d'Emploi-Québec.

Catherine Gingras agit surtout par instinct, en suivant ses intuitions. «Dans ma vie, j'ai besoin de créer quelque chose de mes mains dont je suis fière. Je me réveille même la nuit pour prendre en note une esquisse», raconte la jeune femme de 30 ans.

Planifier son virage

Le cas de Catherine Gingras semble être une exception. Mylène Gregoire, conseillère en ressources humaines chez Équinova, recommande de prendre le temps de planifier son virage. «Si nous occupons un emploi stable, il faut éviter le piège de se lancer dans une entreprise sans aucun filet. Cela vaut la peine de vérifier sa clientèle cible en préparant un miniplan d'affaires.»

De plus, en période de blues hivernal, ce n'est pas nécessairement une bonne idée de quitter son emploi sur un coup de tête.

Sa collègue Marie-Christine Gosselin, 51 ans, a acquis au fil des ans une véritable passion pour l'aromathérapie. Depuis 2009, elle suit une formation en massothérapie et une autre en fabrication de cosmétiques biologiques. Trois jours par semaine, Mme Gosselin travaille en ressources humaines. Le reste du temps, elle se consacre à sa passion. «Je prépare ma deuxième carrière, car j'ai l'intention de continuer à travailler longtemps», confie-t-elle.

Valider l'impact du projet

Avant de se lancer dans un virage à 180 degrés, le comptable et enseignant Alain Savaria conseille la plus grande prudence. «Les gens idéalisent l'idée de leur projet. Il faut être conscient dans quoi on s'embarque.»

Cet hiver, M. Savaria donne une formation sur le lancement d'entreprise au Centre de formation professionnelle Pierre-Dupuy, à Longueuil.

Une de ses connaissances, facteur à la retraite, a acquis une franchise d'une chaîne de restaurants située sur la Rive-Sud. Quelques mois plus tard, l'homme s'est rendu compte de la difficulté de gérer du personnel. «En restauration, il y a un taux de roulement de 400%. Les employés arrivent en retard ou ne se présentent pas. Il faut se poser la question: ai-je la patience de former des gens? Suis-je capable de remercier un employé avec tact et doigté?»

M. Savaria préconise de garder son emploi tout en gardant un oeil sur les occasions d'affaires. Même son de cloche du côté de la coach de carrière Mylène Grégoire. «Au départ, prenez une heure par semaine pour explorer votre idée ou le projet qui vous allume. Faites un plan et passez à l'action. Le plus important, ajoute-t-elle, c'est de laisser vos insécurités de côté.»

Catherine Gingras en sait quelque chose. Elle surmonte ses peurs au quotidien. «Je m'apprête à faire appel à la sous-traitance et à lancer ma boutique en ligne au printemps», dit-elle avec fierté.