Ubisoft l'avait déjà compris.

Le concepteur de jeux vidéo de Montréal avait la santé de ses employés à coeur longtemps avant l'implantation de la norme Entreprise en santé, en 2008. «Nous avions déjà un centre d'entraînement, des ligues sportives et un service d'ergonomie, explique Geneviève Bédard, chargée de projet pour le programme de certification chez Ubisoft. La certification nous a confirmé que nous étions sur la bonne voie et nous a encouragés à aller plus loin».

Ubisoft fait partie de la trentaine d'entreprises et de municipalités certifiées qui ont vu diminuer le taux d'invalidité d'absentéisme de leurs employés et leurs primes d'assurance collective. Le caractère unique de la norme Entreprise en santé les aide également à se démarquer en période d'embauche.

Un sceau de qualité

«La certification est un sceau de qualité affichée par une organisation qui prend plusieurs mesures afin d'améliorer la santé de son personnel, explique Claudine Ducharme, associée services-conseils en santé et en assurance collective chez Morneau Sheppell et membre du comité de création de la norme. Si quelqu'un hésite entre deux entreprises qui lui proposent un salaire et des avantages sociaux équivalents, il risque de choisir celle qui lui offre la meilleure qualité de vie.

La santé au coeur des préoccupations

Puisque les adultes passent plus de la moitié de leur vie éveillée au travail, de nombreuses entreprises prennent la responsabilité de parler de santé et posent des gestes afin de les rendre plus heureux et plus productifs.

Ainsi, après avoir fait un sondage pour évaluer les besoins de ses employés, la direction d'Ubisoft a formé un comité de dix personnes qui se sont réunies quatre fois en un an afin de concevoir un plan d'action. «Nous avons mis en place des mesures pour améliorer la qualité de l'eau et de l'air, maximiser la luminosité de nos bureaux et informer les employés des menus santé mis à leur disposition dans les restaurants avec qui on fait affaire.»

Afin d'obtenir la certification de base, Ubisoft devait poser un geste dans le domaine des habitudes de vie du personnel et agir dans l'une des trois autres sphères du programme (pratiques de gestion, environnement de travail, équilibre entre le travail et la vie personnelle).

Les entreprises intéressées par la certification de niveau élite doivent mettre en place des mesures dans les quatre sphères. «On parle ici de gestionnaires qui considèrent le bien-être de leurs employés dans chacune de leur décision. Il faut que ça devienne un réflexe pour eux», précise Mme Ducharme.

Avantages directs

Les recherches démontrent que l'élimination d'un seul facteur de risque à la santé des travailleurs augmente la productivité au travail de 9% et réduit l'absentéisme de 2%. Les chiffres démontrent également que chaque dollar investi dans un programme basé sur l'amélioration des saines habitudes de vie et de l'environnement de travail génère de 1,50$ à 3$ en gains de productivité, au cours des cinq années suivant son implantation. «La première année, les employeurs constatent une amélioration de la satisfaction et de l'engagement des employés. Avec le temps, plusieurs entreprises m'ont confirmé que leur capacité à recruter du personnel s'était nettement améliorée», affirme Claudine Ducharme.

Malgré ces preuves de rendement éloquentes, certains hésitent à faire les démarches pour obtenir la certification. «Les dirigeants ont l'impression qu'une nouvelle norme implique automatiquement une lourdeur administrative impossible à gérer, alors que ce n'est pas si compliqué que ça. C'est certain qu'il y a beaucoup d'informations à fournir, mais chaque organisation est libre de s'investir à sa façon», soutient Claudine Ducharme. La chargée de projet chez Ubisoft abonde dans le même sens: «Il s'agit d'une charge de travail importante, mais notre comité s'est attaqué à la tâche, puisque c'était important pour nos employés.»