Certaines entreprises choisissent de donner à la Guignolée des médias ou à Centraide, d'autres ont adopté une philosophie qui intègre la philanthropie à leur raison d'être. C'est le cas de Linda Hayes et Martin Connell qui, en lançant la boulangerie artisanale ACE, à Toronto en 1993, avaient trois buts: faire du bon pain, s'amuser et redonner à la communauté.

Le Santropol roulant, un des organismes québécois aidés financièrement par ACE, apprécie ce soutien. «ACE nous donne une subvention qui nous permet de développer notre programme en cuisine, entre autres, pour l'accueil des bénévoles, explique Chad Lubelsky, directeur général de l'organisme de popote intergénérationnelle. L'avantage est qu'ils n'exigent pas de suivi trop lourd, tout en étant sérieux, ce qui nous permet de nous consacrer à notre mission.»

«Au départ, nous versions notre argent à la Cow Meadow Foundation, jusqu'à ce que cette dernière vole de ses propres ailes, raconte Linda Hayes. Puis nous avons décidé de soutenir les entreprises qui achetaient notre pain. Nous nous sommes engagés dans des programmes alimentaires et nutritionnels et nous avons créé des bourses culinaires.»

En 2011, lorsque ACE s'est installée dans quelques villes du Québec, dont Québec et Sherbrooke, c'est tout naturellement que l'entreprise a cherché des causes à soutenir. Grâce à l'appui de la Toronto Community Foundation, elle a choisi des organisations caritatives comme Équiterre, Cuisine collective Le Blé d'or, La Courtepointe, Santropol Roulant et Corbeille de pain Lac Saint-Louis. «Le montant des bourses n'est pas très important, nous préférons offrir un montant de 3000$ pour une cause bien précise ou, encore, soutenir un dirigeant d'une organisation caritative qui veut suivre une formation. Nous travaillons aussi auprès de femmes immigrantes, afin qu'elles puissent s'intégrer à leur nouvelle communauté.»

Les employés contribuent

Les employés d'ACE sont tenus au courant des projets soutenus par l'entreprise. Durant les premières années d'activité, la boulangerie les encourageait à organiser des campagnes de financement caritatives en versant l'équivalent de ce qu'ils avaient récolté à leur cause. «Donner procure un sens de fierté, souligne Linda Haynes. Ainsi, les employés s'attachent à leur communauté et à leur entreprise. Dès le début, nous nous sommes engagés parce que cela faisait partie de notre ADN. Nous ne l'avons pas fait pour développer notre image de marque. Mais il faut qu'il y ait un sens logique dans les causes choisies; ainsi, parce que nous sommes une boulangerie, nous soutenons des causes liées à l'alimentation et à la formation en cuisine et en boulangerie. Il faut une connexion.»

ACE a développé un modèle basé sur la durabilité et la viabilité des projets qu'elle appuie. «Une approche uniquement orientée autour de la charité serait vulnérable à l'humeur des donneurs ou aux soubresauts de l'économie, affirme Linda Haynes. Ainsi, les groupes soutenus doivent fournir des rapports périodiques de leurs activités et de leur situation financière. Ils ont une certaine responsabilité.»