Les partys de Noël permettent aux employés et employeurs de décompresser après une année chargée. Mais qui dit fête dit alcool, et qui dit alcool dit débordements potentiels. Quelques conseils de l'avocate Nathalie Bussière pour éviter de se réveiller avec une gueule de bois.

Dans le cadre de son travail, Me Natalie Bussière, avocate associée spécialisée en droit de l'emploi chez Blakes, voit régulièrement des cas liés au travail: harcèlement psychologique et sexuel, comportement déplacé... «C'est souvent dans des situations sociales que ces événements surviennent: un party de Noël ou une autre fête ou réunion informelle. Le jumelage entre le social et le travail peut amener des gens à adopter des comportements inconvenants dans le contexte.»

Une chose est claire: même si le contexte est à la fête, un party de bureau reste lié au travail. Donc, les règles présentes au bureau continuent de s'appliquer, même s'il est normal qu'il y ait un certain «relâchement hiérarchique», note Me Bussière. «L'employeur a quand même certaines obligations, ainsi que les employés. Faire des gestes de harcèlement n'est pas plus approprié dans un party qu'au bureau. Dans ce sens, des mesures disciplinaires peuvent s'appliquer.»

Selon l'avocate, un employeur se doit de prendre des mesures adéquates afin d'éviter que des situations négatives se produisent, comme en rappelant les règles élémentaires de bonne conduite. «Souvent, les patrons ont une certaine résistance à encadrer de façon stricte les partys de Noël, mais c'est une bonne pratique de rappeler aux gens de faire preuve de la même civilité et du même respect qu'au travail.»

Et l'alcool?

Lors des partys de Noël de 2011, seulement 40% des employés ont déclaré que leur patron avait surveillé leur consommation d'alcool, selon un sondage de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Pourtant, le contrôle de l'alcool est sans doute la meilleure façon d'éviter les comportements répréhensibles. «L'alcool a un effet désinhibant. Il peut nous faire dire des paroles ou adopter des comportements qu'on n'aurait pas à jeun», rappelle l'avocate.

Philippe (dont nous tairons le nom de famille) a eu un service de traiteur durant cinq ans. Il assure en avoir vu des vertes et des pas mûres au cours des partys de Noël. Des employés trop affectés par l'alcool, mais aussi des patrons qui perdaient la tête: comportements sexuels inconvenants, utilisation de drogues, chutes dans les escaliers... «Souvent, les patrons ont un discours à faire, organisent en partie la soirée... Ça les rend tellement nerveux que lorsque la pression tombe et que l'alcool embarque, l'euphorie s'installe, et ça se termine en catastrophe», dit-il.

Instaurer un système de coupons au lieu de tenir un bar ouvert peut être une solution, suggère l'avocate. Sans oublier les conseils d'usage concernant l'alcool et la conduite. Pourquoi ne pas offrir un service de raccompagnement ou des coupons de taxi à ses employés?

Désigner une personne responsable peut aussi s'avérer une bonne façon d'éviter les dérapages, croit Me Bussière. «C'est un peu comme un chauffeur désigné; c'est un représentant de l'employeur qui va surveiller la situation. Il peut ainsi réagir rapidement en cas d'urgence et devenir le gardien des coupons d'alcool.»

Les dangers du 2.0

En cette ère du 2.0, où la majorité des gens ont des téléphones intelligents, il peut être tentant de partager, dans la pulsion du moment, certaines photos ou vidéos peu... avantageuses de ses collègues.

«Il ne faut pas oublier qu'il y a une obligation relative à la vie privée des gens. Souvent, il y a glissement, alors que les gens croient que leur page Facebook fait partie de leur vie privée... Peut-être, mais mettre une photo de notre patron avec une cravate sur la tête, qui sera vue par nos centaines d'amis, n'est plus du domaine de la vie privée», souligne Me Buissière.