En milieu de travail, la machine à café est souvent le point de départ des discussions. Selon un récent sondage de la firme de recrutement Robert Half, les ragots sont souvent les sujets de prédilection. Peuvent-ils nuire à une carrière? Attention au dérapage!

Plus de la moitié (54%) des employés interrogés dans le cadre du sondage ont affirmé que les commérages constituent l'activité la plus courante observée au bureau. Ghislaine Labelle, psychologue organisationnelle, n'est pas surprise par ce chiffre. «On ne peut pas empêcher les gens de jaser. Les intrigues au bureau peuvent mettre du piquant. Ce n'est pas forcément négatif. Mais il faut éviter de parler dans le dos d'une personne. Cela suscite un climat malsain.»

De son côté, Christian Drolet, directeur de recrutement de la firme Robert Half, estime que les commérages font presque partie de la nature humaine. D'autres intrigues, comme flatter le patron, s'approprier le mérite du travail des autres ou même saboter les projets des collègues font aussi partie du quotidien des travailleurs. Derrière ces comportements se cachent quatre types d'acteurs qui peuvent nuire au climat de travail. En reconnaissez-vous dans votre entourage?

1 - Le colporteur de ragots

C'est celui qui propage des rumeurs sur les autres travailleurs, et parfois sur l'entreprise. Doit-on se tenir loin de lui? «On ne peut pas toujours éviter le colporteur de ragots. Souvent, il dira: «Je te le dis à toi, mais n'en parle pas à personne»», explique Ghislaine Labelle, du Groupe Conseil SCO. Quant au spécialiste en recrutement Christian Drolet, il recommande de lui fournir le moins d'informations possible.

Dans un bureau, les rumeurs ne sont pas seulement anodines. Un des pires ragots? «J'ai vu des gens accuser faussement une collègue d'être suicidaire», raconte Mme Labelle, spécialiste en conflits de travail. Plus tard, la victime de ce dénigrement s'est absentée pour cause de maladie. À son retour, elle a dû travailler dans un autre service. «Quant aux colporteurs de cette fausse rumeur, ils ont été sanctionnés par l'entreprise.»

Christian Drolet estime pour sa part que le pire des ragots est de colporter qu'un employé est incompétent. «Lors d'un processus de recrutement, cette rumeur peut nuire à tel point que le candidat ne sera pas retenu.»

2 - L'usurpateur

Cette personne aime avoir la vedette et s'attribuer le mérite du travail accompli par les autres. En somme, elle utilise les informations à son avantage pour éventuellement obtenir un poste ou une promotion. «Elle le fait d'abord pour briller, mais surtout en raison d'une faible d'estime d'elle-même», note Ghislaine Labelle.

«Tôt ou tard, les gestionnaires finissent par découvrir son jeu. Avec l'usurpateur, on prend ses distances, il ne faut surtout pas l'alimenter avec de l'information en dévoilant nos idées et nos projets», ajoute la psychologue.

Le spécialiste du recrutement Christian Drolet est du même avis. À la veille d'une rencontre d'évaluation avec un supérieur, il recommande de bien documenter ses actions et ses bons coups.

3 - Le flatteur

Dans une famille, il y a souvent un préféré ou un chouchou, qui séduit ou charme ses parents. Au travail, il y a aussi des personnalités séductrices. Les fameux «téteux de boss».

«La flatterie est un phénomène courant dans le milieu du travail. Les gens le font souvent pour s'attirer des promotions ou des traitements de faveur», observe Christian Drolet.

M. Drolet conseille de ne pas abuser de compliments. Cependant, note-t-il, si votre patron a suivi un régime et maigri de 10 livres, cela mérite un compliment.

Le flatteur invétéré gagne peut-être quelques points avec l'ego du patron, mais il se met les collègues à dos. «Dans le milieu de travail, les gestionnaires détestent qu'on leur reproche leur iniquité. C'est la pire chose», soutient pour sa part Ghislaine Labelle.

Mme Labelle affirme qu'il faut oser en parler au patron s'il manifeste une préférence pour un subalterne. «Il ne le fait pas nécessairement de mauvaise foi. Il ne se rend souvent pas compte de l'impact. Le patron peut alors modifier son comportement à l'égard de l'employé.»

4 - Le saboteur

Il a l'intention malsaine de nuire à l'autre et de le faire mal paraître. «C'est le plus dangereux, un manipulateur qui parle dans le dos afin de saboter votre réputation», explique Christian Drolet. Il conseille de confronter le saboteur, mais «il faut éviter de lui envoyer des courriels».

Cela ne fonctionne pas toujours. «Dans certains cas, il faut parfois ignorer sa conduite intimidante ou agressante. On intervient plus tard de façon respectueuse et courtoise», ajoute Ghislaine Labelle.

Quelles sont les armes du saboteur? Menaces, manipulation et intimidation. «En cas de menace, on peut lui dire: «Je comprends ta perception, mais je ne la partage pas. Pourquoi ne pas travailler ensemble sur ce dossier?»», suggère Mme Labelle.

Qui sont les saboteurs? «Ce n'est pas toujours l'ambitieux qui vise d'atteindre un poste plus élevé. C'est quelqu'un qui a besoin d'appréciation, de reconnaissance. Bref, le saboteur a un trip d'ego», ajoute-t-elle.

Les rumeurs les plus courantes au bureau

Selon vous, laquelle des activités suivantes est la plus courante dans votre milieu de travail en matière de rumeurs au bureau?

Propager des rumeurs ou commérer

54%

S'attirer les faveurs d'un patron en le flattant

20%

S'attribuer le mérite du travail des autres

17%

Saboter les projets de ses collègues

2%

Autres réponses

7%

Participation aux rumeurs

Laquelle des réponses   suivantes décrit le mieux votre participation aux rumeurs de bureau?

Participant actif: Je dois jouer le jeu pour avoir de  l'avancement

14%

Acteur occasionnel: Je participe aux intrigues quand il s'agit de questions importantes pour moi

40%

Personne neutre: Je me tiens complètement loin  de l'arène

39%

Ne sait pas/aucune réponse

7%

Ce sondage a été élaboré en Amérique du Nord auprès de 700 personnes par une firme indépendante pour le cabinet de recrutement Robert Half International qui possède des bureaux à travers le monde.