Le Québec se positionne avantageusement comparativement au reste du pays dans une étude menée par Randstad Canada et Ipsos Reid auprès de 500 femmes occupant un poste de gestion.

Une majorité de Canadiennes occupant un poste de gestion trouve que la conciliation entre les obligations familiales et professionnelles est lourde. Seule exception: le Québec. Autre point, les Canadiennes disent avoir de la difficulté à gagner la confiance de leur patron. Encore une fois, sauf au Québec où ça semble plus facile. L'étude précise même que les résultats obtenus laissent supposer que le marché québécois soit le plus progressiste au Canada.

«Ça nous a surpris. C'est une bonne nouvelle», indique Delphine Robert, directrice marketing chez Randstad Canada.

Angelo Dos Santos Soares, expert sur la question du travail des femmes à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, n'est pas surpris.

«Le Québec est beaucoup plus à l'avant-garde sur les questions sociales que les autres provinces du Canada», remarque-t-il.

Pour atteindre un poste de gestion, les femmes doivent tout de même encore aujourd'hui franchir plusieurs obstacles.

Plusieurs femmes ont trouvé difficile la gestion de la vie professionnelle et de la vie familiale dans leur progression de carrière. En Saskatchewan et au Manitoba, c'est le cas de 75% des répondantes. C'est 72% dans les provinces de l'Atlantique, 66% en Ontario et 41% au Québec.

On a aussi questionné les femmes sur leur accueil dans l'équipe de gestion supérieure et sur leur capacité à en obtenir la confiance. En Ontario, 54% des femmes ont trouvé cet aspect difficile. Dans les provinces de l'Atlantique, c'est 51% et 50% pour la Saskatchewan et le Manitoba. Au Québec, 35% des femmes sondées ont éprouvé de la difficulté.

Le plafond de verre

Soixante-dix-sept pour cent des Canadiennes sondées ont affirmé qu'il y avait une différence très importante ou modérée entre les salaires des hommes et des femmes occupant les mêmes postes et ayant les mêmes responsabilités. L'écart est le plus perceptible en Ontario où 83% des femmes sondées sentent une différence très importante ou modérée. Au Québec, c'est 67%.

«C'est surprenant que malgré tout le progrès accompli, il semble toujours y avoir des différences de traitement entre les hommes et les femmes. Il reste donc du chemin à faire», affirme Delphine Robert.

«Ce n'est pas parce que le Québec arrive en tête de l'avancement social au Canada qu'on doit arrêter de s'améliorer. Il y a encore du travail à faire. Pour continuer à progresser, on peut s'inspirer des pays scandinaves qui sont probablement les plus avancés dans le monde en matière d'égalité», commente M. Soares.

Soixante-dix-sept pour cent des Canadiennes sondées pensent qu'il existe toujours une différence importante quand on considère les hommes et les femmes en matière de promotion. Au Québec, 62% estiment que c'est le cas. En Alberta, aucune répondante n'a affirmé que les hommes et les femmes sont considérés de façon égale en matière de promotion.

«C'est le plafond de verre que frappent les femmes, indique M. Soares. C'est vraiment difficile pour les femmes d'accéder aux plus hautes fonctions. Elles y sont encore sous-représentées. C'est le cas notamment dans les conseils d'administration.»

De toutes les femmes interrogées, 70% voient une différence très importante ou modérée dans le nombre d'occasions qu'ont les hommes de prendre des décisions importantes par rapport aux femmes.

Presque autant (69%) estiment que les hommes se voient encore attribuer les meilleurs postes, tâches, ou projets par rapport aux femmes tenant des rôles similaires.

Il y a aussi une différence dans les occasions de voyages d'affaires: 83% des femmes sondées pensent que les hommes s'en font plus souvent offrir.

Vers une meilleure conciliation travail-famille

On demandait aussi aux femmes ce que les organisations canadiennes pourraient faire pour leur fournir de meilleures ressources et leur offrir plus de possibilités pour décrocher des postes de gestion ou de direction: 65% ont répondu qu'il devrait y avoir plus de flexibilité dans le travail.

«Les femmes trouvent très importante cette souplesse. On commence à la voir arriver dans les organisations grâce aux gens qui sont de plus en plus connectés», remarque Delphine Robert.

Angelo Dos Santos Soares apporte toutefois quelques bémols.

«On doit aussi s'assurer qu'il est bien vu de profiter des mesures de conciliation travail-famille dans toutes les sphères de l'organisation et que cela n'est pas un frein à la progression de carrière. Aussi, la conciliation travail-famille ne doit pas toucher que les femmes. Il doit y avoir un meilleur partage des tâches avec les conjoints. Si on leur laisse cette responsabilité, cela en fait trop sur leurs épaules et cela nuit nécessairement à la progression de leur carrière.»