Si on souffre de détresse psychologique ou d'épuisement professionnel, on a tendance à consulter un médecin et un psychologue. Peut-être moins un conseiller d'orientation. Pourtant, ce dernier peut jouer un rôle important lorsque vient le temps de remettre sa carrière en question.

Marie est comptable agréée. Un bon matin, il lui prend l'envie de laisser tomber sa carrière pour devenir professeure de yoga. Ses proches sont affolés. Peut-être avec raison.

« Il faut se méfier lorsque quelqu'un désire changer radicalement de carrière. Cela peut être un signe de détresse psychologique », affirme Éric Péloquin, conseiller d'orientation, qui a fait sa maîtrise sur l'épuisement professionnel. Les cas de détresse psychologique sont nombreux dans la province. D'après l'Institut de la statistique du Québec, 23% de la population présente un niveau élevé de détresse psychologique. Parmi les symptômes, on trouve le sentiment d'épuisement sans véritable raison, la nervosité, l'agitation, le désespoir et la tristesse. Lorsqu'il est question d'épuisement professionnel, certains symptômes physiques s'ajoutent. « Par exemple, un gain ou une perte de poids, ou l'alimentation et le sommeil perturbés. Souvent, l'épuisement professionnel arrive lorsque l'état de détresse psychologique perdure », explique Éric Péloquin. Le conseiller d'orientation doit d'ailleurs être vigilant et bien évaluer l'état de santé du client qui vient le consulter. «Il faut au besoin lui recommander de consulter un médecin et un psychologue. Une fois que la personne a surmonté sa souffrance et qu'elle recommence à être positive, elle peut entamer un processus d'orientation », indique M. Péloquin.

Le bilan

Pour que son client voie plus clair dans sa situation et ses motivations de carrière, le conseiller d'orientation lui proposera de faire un bilan. «Il faut faire ressortir ce dans quoi il excelle et ce qu'il aime faire. C'est important, parce que la détresse psychologique ou l'épuisement professionnel amène les gens à remettre en question leurs forces ou tout simplement à ne plus les voir », remarque Éric Péloquin. Le bilan sert aussi à examiner les insatisfactions vécues dans le milieu de travail.

Parfois, la personne réalisera qu'elle a elle-même adopté des comportements dommageables au boulot par exemple, le perfectionnisme démesuré ou la peur de s'affirmer. D'autres choisissent l'avancement professionnel à tout prix, au risque de ressentir une perte de sens dans leurs tâches quotidiennes. «Une fois que les insatisfactions sont bien déterminées, la personne pourra éviter de retomber dans le même genre de situation », indique le conseiller d'orientation. Le bilan permet donc d'analyser les motivations qui se cachent derrière l'envie de changement. La personne doit aussi envisager les carrières connexes. «C'est le rôle du conseiller d'orientation de lui faire connaître d'autres possibilités. Il doit également lui parler de diplômes supplémentaires qu'elle pourrait aller chercher pour s'ouvrir d'autres portes », ajoute M. Péloquin.

Le choix

La personne doit ensuite prendre sa décision à propos de son orientation. Il est possible qu'elle opte tout de même pour le changement de carrière. «C'est correct, on ne rejette pas l'idée de changement, précise M. Péloquin. Toutefois, c'est important de faire une bonne réflexion avant de faire le saut.» Si la personne déc ide de retourner chez le même employeur, elle profitera tout de même de son bilan. Elle connaîtra les raisons qui l'ont poussée vers l'épuisement professionnel ou la détresse psychologique. «Elle pourra donc négocier avec son employeur certaines conditions de travail pour améliorer la situation », indique M. Péloquin.