Selon une étude publiée par une équipe de chercheurs américains, les longues distances parcourues en voiture pour se rendre au boulot augmenteraient les risques de haute pression, d'obésité et de diabète, et diminueraient le temps consacré à l'activité physique.

Trois chercheurs américains, dont Christine Hoehner, professeure adjointe à la Washington University de St. Louis, ont voulu déterminer les effets sur la santé des longs trajets en véhicule pour se rendre au travail, une forme de comportement sédentaire de plus en plus courante. Entre 1960 et 2000, aux États-Unis, le nombre de travailleurs qui se rendent au travail dans un véhicule privé est passé de 41,1 à 112,7 millions; les banlieusards sont, quant à eux, passés de 23% à 50% de la population entre 1950 et 2000.

«La sédentarité est un problème important aux États-Unis. Nous avons étudié près de 4300 personnes vivant aux alentours de Dallas et Austin, qui sont dans le top 5 des villes les plus congestionnées au pays», précise Mme Hoehner.

Les résultats sont loin d'être encourageants. Ceux qui parcourent 16 km chaque jour pour se rendre au boulot risquent davantage de souffrir de haute pression. Quant à ceux qui roulent 24 km et plus, ils pourraient davantage souffrir d'obésité.

«Les gens qui vivaient plus loin du travail étaient moins actifs, moins en forme physiquement et avaient une pression plus haute que ceux qui habitaient plus près du travail», résume l'auteure.

Parmi les raisons pouvant expliquer ces résultats, Mme Hoehner croit que «les gens qui passent beaucoup de temps sur les routes ont moins de temps libres pour faire de l'exercice, cuisiner des repas sains et même dormir suffisamment.»

Mais ce n'est pas tout: l'étude a aussi montré que même les gens actifs physiquement risquent autant de souffrir de haute pression s'ils habitent à plus de 16 km du bureau. «Être exposé à la circulation chaque jour est très stressant!, avance la professeure adjointe. Cela pourrait aussi avoir un lien avec le fait de rester plus longtemps assis.»

Des pistes de solution

Que faire? Évidemment, habiter plus près du travail n'est pas possible pour tous. Porter un podomètre sur soi peut aider à se rendre compte du peu de pas faits chaque jour, suggère Mme Hoehner: «Entre être assis au bureau, dans l'auto et devant la télévision, les gens ne marchent presque plus. On peut par exemple se stationner plus loin, prendre les escaliers...»

Elle encourage également les entreprises à offrir des horaires flexibles, pour éviter les heures de pointe, et à inciter les employés à faire de l'activité physique durant les pauses.

Les transports en commun peuvent aussi s'avérer une solution de rechange intéressante. «Il est reconnu comme un mode de transport qui amène à être plus actif physiquement», note Mme Hoehlner.

Une étude québécoise publiée en 2011 par la chaire de recherche Mobilité de l'École Polytechnique fait état des avantages des transports en commun pour la santé. Ainsi, prendre le train, le métro ou le bus aller-retour permettrait, en moyenne, de faire 2500 pas par jour, soit le quart de l'activité physique recommandée quotidiennement. L'étude s'appuie sur des données de l'enquête Origine-Destination, de Transports Québec, recueillies dans la grande région montréalaise.

«Quelqu'un qui prend le transport en commun va nécessairement marcher pour y accéder, en correspondance et à destination. Le transport en commun est vraiment un mode semi-actif de transport», explique Catherine Morency, une des auteures de l'étude et titulaire de la chaire Mobilité.

La complicité entre transports en commun et marche est un nouveau sujet de grand intérêt un peu partout dans le monde, affirme Mme Morency. «À Paris, on invite les gens à faire des correspondances à pied plutôt qu'à prendre les petits tronçons de transports en commun qui sont engorgés. Les gens sont plus faciles à convaincre de cette façon, car cela s'intègre à la routine quotidienne.»