Le manque de temps est souvent invoqué par les travailleurs comme prétexte pour ne pas intégrer l'activité physique à leur journée. Pourtant, selon un récent sondage commandé par ParticipACTION, 88% d'entre eux trouvent tout de même le temps de consulter leur page Facebook, de faire des appels personnels ou de clavarder!

Seulement un travailleur sur cinq se réserve du temps pour bouger dans sa journée. Des chiffres qui inquiètent Pierre Morin, porte-parole de ParticipACTION au Québec. «Cette inactivité physique a des effets importants sur notre système de santé, dit-il. Aujourd'hui, au moins 52% des gens travaillent majoritairement assis et beaucoup passent leurs journées devant leur ordinateur sans bouger. Seulement 15% des adultes canadiens atteignent le minimum recommandé de 150 minutes d'exercice par semaine.»

Dans le monde du travail, cette sédentarité a des conséquences. «On sait que 80% des maladies chroniques sont intimement liées aux habitudes de vie, l'activité physique étant l'une de ces habitudes, dit Guy Desrosiers, directeur général d'Acti-menu. Pour un employeur, investir dans la santé des employés permet de réduire l'absentéisme et le présentéisme. De plus, des employés en forme sont mieux concentrés sur leur travail et plus performants.»

Selon Acti-menu, la sédentarité, à elle seule, est responsable d'une diminution de 12% de la productivité. Le message a été compris par bon nombre d'employeurs. Certains vont jusqu'à aménager une salle d'exercice et des douches sur les lieux de travail, comme c'est le cas pour la firme d'architectes et d'urbanistes Groupe IBI DAA.

«Je pense que ça a vraiment un effet bénéfique sur les employés, dit Julie Alleyn, directrice des ressources humaines et de l'administration. Ça favorise l'évacuation du stress et de l'énergie négative, et permet de garder les gens équilibrés. Ce sont parfois les employés qui organisent eux-mêmes des activités, par exemple des séances de danse pendant l'heure du midi. On l'encourage fortement.»

En plus d'une salle de gym sur place, l'entreprise, dont les bureaux sont situés dans le Vieux-Montréal, a un abonnement au service BIXI pour ses employés. Ils sont invités à l'utiliser pour se déplacer dans le cadre de leur travail.

Retour sur l'investissement

D'autres organisations vont encore plus loin en participant à des programmes structurés de santé au travail, comme «Ma santé, je m'en occupe!», géré par Acti-menu. Selon cette entreprise à vocation sociale, qui a pour mission de faire la promotion de saines habitudes de vie, un programme structuré de prévention santé en milieu de travail rapporte six fois plus de retour sur l'investissement que des interventions ponctuelles.

Une approche structurée en entreprise permet de travailler à partir d'indicateurs plus précis et d'établir un plan pour l'ensemble du personnel.

«On se rend sur place et on fait un bilan personnalisé pour chaque employé qui intègre les habitudes de vie, soit l'exercice, l'alimentation et le tabagisme, explique Guy Desrosiers. Ce bilan demeure confidentiel. Puis, on dépersonnalise les données obtenues pour dresser un bilan global de la santé de l'ensemble du personnel, que l'on présente à l'employeur. À partir de ce bilan, on établit un plan d'action pour améliorer les choses. Sur cette base, on sait que près de 72% des employés des entreprises où nous arrivons ont besoin d'améliorer leur activité physique. En participant au programme, la proportion des inactifs diminue à 57%.»

Quand on s'en donne la peine, faire 150 minutes d'activité physique par semaine n'est pas aussi difficile que l'on pourrait le croire, ajoute-t-il.

«Quand on parle de faire 150 minutes d'exercice par semaine, ou 30 minutes par jour cinq fois par semaine, je pense qu'il est important de démystifier ces fameuses 30 minutes. Les gens n'ont pas besoin d'être des athlètes, ni même de s'abonner à un gym. Des trucs simples permettent d'y arriver, comme stationner sa voiture plus loin, descendre de l'autobus à l'arrêt précédent, prendre les escaliers plutôt que l'ascenseur, et ainsi de suite. On peut utiliser toutes sortes de petits trucs pour le rappeler aux employés, comme dessiner des traces de pas qui pointent vers l'escalier près de l'ascenseur.»

De plus, l'effet de groupe est une bonne source de motivation. Chaque année, un grand nombre d'organisations participent au Défi Santé 5-30 Équilibre, un programme d'Acti-menu pour le grand public qui incite à consommer cinq portions de fruits ou de légumes par jour et à faire 30 minutes d'exercice pendant six semaines. Cette année, 152 000 personnes y ont participé. De ce nombre, 9000 l'ont fait en équipe avec des amis ou des collègues de travail.