L'École de technologie supérieure (ETS) place annuellement près 3000 stagiaires et diplômés dans des entreprises. Pour qu'ils se démarquent davantage auprès des employeurs, l'ETS a mis en place un concept de CV nouveau genre baptisé le «ePortfolio». En plus de présenter la formation du candidat, son expérience et ses réalisations, les ePortfolios peuvent diriger l'employeur, par exemple sur le relevé de notes de l'étudiant, ou sur des vidéos de ses compétitions dans des clubs étudiants.

«Les recruteurs passent généralement 45 secondes par CV lors du premier tour de sélection. Après un an d'utilisation des ePortfolios et 60 000 onglets visités, nous avons calculé que les recruteurs passent en moyenne près de deux minutes par ePortfolio. Les employeurs arrivent ainsi à se faire une meilleure idée des compétences réelles des candidats», affirme Pierre Rivet, directeur du service de l'enseignement coopératif à l'ETS.

En sommes-nous au point où le bon vieux CV est désuet?

Anne Bourhis, professeure titulaire et directrice du service de l'enseignement de la gestion des ressources humaines à HEC Montréal, croit que nous n'en sommes pas là.

«Il faut avoir un CV traditionnel puisque certains employeurs le demandent encore», affirme Mme Bourhis.

Natacha Tougas, directrice de succursale, Montréal, pour la firme de recrutement de professionnels Robert Half, croit aussi que le bon vieux CV est toujours essentiel.

«Un CV, ça demeure très traditionnel, affirme-t-elle. Si un candidat met par exemple une photo de lui, ça sort du contexte. Ce que je veux voir sur le CV, c'est l'expérience de la personne pour pouvoir déterminer si elle sera en mesure de faire le travail.»

Anne Bourhis affirme que les règles n'ont pas changé en matière de CV.

«On doit toujours avoir à portée de main un CV mis à jour qui commence avec un bon résumé de ses compétences. Il doit aussi être bien mis en page et sans faute. Mais cela ne suffit pas aujourd'hui», précise-t-elle.

Postuler en ligne

Même si vous avez un bon CV traditionnel, il est fort possible que vous ayez à postuler en ligne. Souvent, les employeurs demandent aux candidats de donner leurs informations dans des champs préétablis sur un microsite de recrutement.

«Il faut se préparer pour être capable de traduire son CV dans ces champs, indique Anne Bourhis. Même si chaque employeur a ses champs spécifiques, il y a des incontournables comme la formation et le nombre d'années d'expérience. Comment présenter l'information? Il faut y réfléchir. Il ne faut surtout pas remplir chaque fois ces champs selon l'inspiration du moment.»

Anne Bourhis conseille également de préparer une liste de mots clés pour résumer son expérience et ses compétences.

«Les microsites de recrutement fonctionnent avec un moteur de recherche, explique-t-elle. Généralement, on demande aux candidats d'entrer des mots clés. C'est bien d'avoir une liste à portée de main, mais aussi, il faut s'adapter.»

Parce que si la description de poste demande des aptitudes pour le «travail collaboratif» et que dans vos mots clés, vous écrivez «travailler en équipe», le moteur de recherche ne fera pas le lien.

«Adapter ses mots clés ne signifie pas mentir, mais cela permet de s'assurer que sa candidature ressortira dans le haut de la liste dans les résultats de la recherche», explique Mme Bourhis.

Le profil électronique

Natacha Tougas conseille également aux chercheurs d'emploi de se créer un bon profil électronique.

«Par exemple, c'est bon d'être présent sur LinkedIn pour le réseautage professionnel», affirme-t-elle.

Alors que les ePortfolios des étudiants de l'ETS semblent être un succès auprès des employeurs, faut-il croire que les chercheurs d'emploi doivent commencer à se créer des sites web? Anne Bourhis affirme que non.

«C'est certain que si vous avez un site web et que c'est pertinent pour l'emploi pour lequel vous postulez, c'est bien d'écrire l'adresse sur votre CV. Cela peut être un bon complément, particulièrement si vous êtes dans des domaines comme la photographie, la vidéo, la création de sites web, etc. Toutefois, faire un site web ou un blogue seulement pour vendre votre candidature, il me semble que ça aurait l'air faux. Par contre, assurez-vous toujours que le recruteur qui fera une recherche sur vous sur le web trouvera des choses qui joueront à votre avantage.»