Patrick Boivin a toujours détesté l'école. Son cinquième secondaire en poche, il rêve de faire de la bande-dessinée. «Raconter des histoires, ça me plaisait», se souvient-il.

C'est avec une bande de joyeux lurons comme lui qu'il met sur pied Phylactère Cola. «Au départ, on exposait dans des bars. Puis, on a fait un film - qui était insupportable! - pour accompagner un événement. La réception a été bonne et, naïvement, je me suis dit: je veux faire du cinéma!», raconte-t-il en rigolant.

De fil en aiguille, Phylactère Cola devient une émission hebdomadaire sur une chaîne communautaire à Québec. Patrick se retrouve aux commandes de cette émission à sketches déjantés. «Je faisais tout: la caméra, le montage, la gestion, les effets spéciaux... en fait, je réalisais sans même le savoir!»

Le show attire l'attention de Télé-Québec, qui le met à sa programmation deux saisons. Le jeune homme commence aussi à faire des publicités. «C'est là que j'ai compris que réaliser, c'est d'abord diriger des comédiens et trouver la meilleure façon de raconter une histoire... Et non pas de tout faire! L'avantage que ça m'a donné, c'est que je comprends tous les métiers», remarque le réalisateur de 37 ans.

Déménagé à Montréal, il réalise des publicités pendant quelques années, mais le côté artistique lui manque. Intrigué par YouTube, il décide de mettre en ligne des courts métrages, puis fait un tabac avec ses animations en stop-motion, qui lui valent d'être approché par les Indochine et Iggy Pop de ce monde. Il obtient aussi un partenariat avec YouTube, qui partage avec lui les revenus publicitaires.

Un réalisateur doit avoir de la patience et aussi être prêt à lancer des projets même s'il n'a pas les conditions idéales ni le salaire qui va avec, constate-t-il. C'est ainsi qu'en 2011, il co-réalise avec Olivier Roberge, Enfin l'automne, le premier film canadien à être diffusé sur YouTube et vu plus de 35 000 fois à ce jour. «On travaillait sur ce projet depuis longtemps et le financement a été refusé. On a décidé de le faire avec nos propres moyens, même si on a dû réduire le film», explique-t-il.

Si l'école est certainement utile pour connaître le milieu et se bâtir un bon réseau de contacts, Patrick Boivin croit que son parcours atypique lui donne sa signature particulière: «J'ai fait beaucoup d'erreurs, mais au fil du temps, ce sont devenus des qualités et des distinctions!», conclut-il.

À savoir

Réalisateur

Formation: Plusieurs formations universitaires mènent à l'emploi

Perspectives professionnelles: Acceptables (2011-2015)

Salaire moyen annuel: 50 000$ (2005)

Employeurs potentiels: Boîtes de production en cinéma, télévision, publicité, télédiffuseurs,... Plusieurs réalisateurs sont des travailleurs autonomes.

Source: Emploi-Québec