L'industrie du cinéma et de la télévision canadienne a enregistré un volume record de 5,5 milliards en 2010-11, une hausse de 9% par rapport à l'année précédente. Au Québec, la reprise est vigoureuse, avec 5,5% d'augmentation du volume de production, ce qui a permis de créer 600 emplois en production cinématographique et visuelle l'an dernier.

Selon le rapport Profil 2011, une étude annuelle sur l'industrie de la production de contenu sur écran au Canada publiée par l'Association canadienne de la production médiatique (CMPA) et préparée en collaboration avec l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec et le ministère du Patrimoine canadien, ce sommet canadien s'explique notamment par une bonne croissance en Colombie-Britannique et une reprise vigoureuse au Québec, qui a connu une hausse de production de 5,5% par rapport à 2009-2010.

Ces provinces ont permis d'ajouter 367 millions au secteur de la production étrangère, qui a connu une augmentation fracassante de 24,3% au pays.

«Cela crée de l'emploi et permet aux travailleurs du Québec d'oeuvrer sur des productions gigantesques, d'acquérir expérience et expertise», note Claire Samson, directrice générale de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), qui regroupe quelque 140 entreprises de production.

Autrement, remarque Mme Samson, l'industrie de l'audiovisuel au Québec demeure stable. «Bon an, mal an, l'industrie maintient son chiffre d'affaires et sa création d'emplois au même niveau. Par contre, certains secteurs connaissent des difficultés, notamment la publicité et l'animation.»

Vivre avec l'incertitude

Ceux qui envisagent une carrière dans l'industrie doivent savoir que la majorité des travailleurs, dont les techniciens, sont des pigistes qui passent d'un contrat à l'autre, avec toute l'instabilité que cela suppose. «Un pigiste doit être capable de vivre avec cette incertitude», illustre Bernard Arsenau, président de l'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son (AQTIS), qui représente 3000 techniciens oeuvrant dans plus de 126 métiers de l'image et du son: des menuisiers qui fabriquent les décors, aux éclairagistes et caméramans.

Il est aussi difficile de prédire le comportement de l'industrie à long terme et ses besoins en main-d'oeuvre, ajoute M. Arsenau: «Si la production locale est généralement constante, l'aspect moins contrôlé concerne les productions étrangères, qui fluctuent dépendant de la force de notre devise et des crédits d'impôts alloués.»

Multimédia: un secteur en émergence

Pour la première fois cette année, Profil 2011 compile les retombées des productions multimédias au pays: 27,6 millions en volume de production et 640 emplois reliés. Un signe de la transformation qu'est en train de subir l'industrie, alors que les Québécois sont de plus en plus friands de webséries.

Les opportunités du web sont alléchantes, mais l'industrie n'a pas encore réussi à bâtir un modèle d'affaires, reconnaissent l'AQTIS et l'APFTQ. «C'est sûr qu'à partir du moment où on pense web, on pense au monde! Le défi pour les producteurs traditionnels est de pouvoir faire évoluer leur entreprise en tenant compte de ces nouveaux modèles d'exploitation», conclut Mme Samson.