L'année 2012 a été déclarée année internationale des coopératives par l'ONU. L'occasion de mieux faire connaître ce modèle d'affaires qui aurait mieux résisté à la crise financière que les entreprises privées et qui se veut une solution au manque de relève dans les PME québécoises.

Selon une étude de l'Organisation du travail, publiée en 2009, les entreprises coopératives ont mieux résisté à la crise financière de 2009. Au Québec, le nombre d'emplois nets dans les coopératives non financières a augmenté de 37,3% entre 1999 et 2009, passant de 32 200 à 44 198, comparativement à 15,7% pour l'économie du Québec. De plus, le taux de survie des coopératives est supérieur à celui des entreprises privées: 62% après 5 ans et 35% après 10 ans, comparé à 44,3% et 19,5%.

Voilà autant de raisons pour promouvoir le modèle coopératif, croit le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, qui vient de lancer la campagne Je coop (jecoop.com) dans la lignée de l'Année internationale des coopératives décrétée par l'ONU.

«Les coopératives représentent 3300 entreprises et 90 000 emplois au Québec, affirme Hélène Simard, présidente-directrice générale du CQCM. C'est important de rappeler aux gens l'existence d'un modèle économique différent qui réussit à tirer ses billes du jeu, même dans une économie de marché très compétitive.»

Selon Mme Simard, plusieurs facteurs expliquent la résilience et la réussite des coopératives québécoises. «Les coops prennent des décisions en fonction d'une logique à plus long terme. Elles ne sont pas soumises à la tyrannie du trimestre, puisque leur premier objectif est de répondre aux besoins des membres. Les profits sont appelés des excédents et l'idée n'est pas de faire profiter le capital, mais de dégager suffisamment de sous pour être capable de pérenniser l'entreprise. Ce sont aussi des entreprises où les règles de gouvernance sont bien encadrées et cela les rend plus stables.»

Prenons l'exemple de Cooptel, la seule coopérative de télécommunications au Québec, qui emploie 45 personnes. Fondée en 1944 par un groupe de citoyens de la région de Valcourt qui voulait se donner accès au téléphone, la coopérative a grandi tranquillement jusqu'à aujourd'hui et offre désormais téléphonie, internet et télévision à ses 11 000 membres. Un nombre qu'elle a pu atteindre en rachetant la moitié de Câble Axion, une entreprise de câblodistribution, en 2007.

«On a vu que ce rachat avait beaucoup de potentiel, car leur réseau était étendu. Mais, comme ils étaient déficitaires, on a dû demander à nos membres de renoncer à leurs ristournes ces trois dernières années. Mais ce temps-là est passé et on se dirige vers une année record pour 2011», se réjouit Patrice Dupont, président du conseil d'administration de Cooptel.

En plus de profiter des ristournes, les membres de Cooptel bénéficient de prix très bas, ajoute M. Dupont: «Notre gestion est très serrée. Nos décisions ne sont pas basées sur le profit, mais sur nos services et notre capacité à nous financer. C'est plus lent comme croissance, mais ça nous permet d'avancer sur des bases solides.»

À la rescousse des PME

Le modèle coopératif pourrait aussi être une solution au manque de relève dans les PME québécoises. Selon la Fondation de l'entrepreneurship, d'ici 2020, 43 000 entrepreneurs prévoient se retirer des affaires. «On pense qu'il y a un bon bassin d'entreprises qui pourraient être reprises en partenariat avec les travailleurs, les gestionnaires ou même dans le milieu, dans le cas de coopératives de services de proximité, par exemple», avance Mme Simard.

Une visée qui pourra être réalisée grâce à la création, annoncée dans le dernier budget, d'un Fonds de co-investissement Coop de 30 millions devant aider au financement des coopératives. «On voudrait créer des partenariats entre ce fonds et ceux pour la relève mis en place au cours des dernières années, souhaite Mme Simard. Cela nous permettrait de faire des montages financiers intéressants qui vont permettre, on l'espère, de faire émerger de beaux succès.»