Que ferait Steve Jobs à ma place? Voilà la question que pourrait se poser tout chef d'entreprise inspiré par la façon unique qu'avait le patron de Apple de diriger son entreprise. Possible pour le commun des mortels? L'auteur Peter Sander croit que oui.

Peter Sander est un auteur, chercheur et conseiller qui a signé de nombreux ouvrages sur la technologie et l'administration des affaires. Il vient de publier Que ferait Steve Jobs à ma place? , un ouvrage s'adressant aux chefs d'entreprises et gestionnaires. Le but: s'inspirer du leadership unique de Steve Jobs afin de diriger son entreprise.

Mais est-ce vraiment possible pour les gens ordinaires d'aspirer à «copier» un homme unique, que d'aucuns décrivent comme un génie? «Je me fais beaucoup poser cette question! , admet M. Sander, rejoint à Sacramento, en Californie. Je crois vraiment que tous peuvent appliquer son type de leadership. Par exemple, être le porte-parole de son produit. Cela me stupéfait toujours de voir que les patrons laissent les gens des relations publiques parler à leur place.»

À l'opposé, Jobs était très impliqué dans tous les aspects de son entreprise, de la conception au marketing. Certains ont d'ailleurs critiqué cette façon de faire du patron d'Apple, le décrivant comme un tyran. «Il pouvait réprimander très sévèrement les employés qui ne faisaient pas les choses comme il faut. Mais je crois que ceux qui désirent vraiment se réaliser dans leur travail veulent un patron comme Jobs.»

De toute façon, tout chef d'entreprise est par définition un tyran, avance l'auteur. La clé, c'est d'être un «bon» tyran compétent. «Il était dur, mais c'était toujours dans l'intérêt du produit. Ce qui distingue Jobs de la plupart des dirigeants, c'est que son objectif n'était ni le pouvoir ni l'argent. Il était passionné par son produit et ses clients, le reste n'était que secondaire.»

Six éléments-clés

Dans son livre, Peter Sander décortique le modèle d'affaires de Steve Jobs en six éléments-clés: le client, la vision, la culture, le produit, le message et l'image de marque. «C'est un modèle que tout le monde peut comprendre et appliquer», croit-il.

Le client: Henry Ford a déjà dit: «Si j'avais demandé à mes clients ce qu'ils voulaient, ils m'auraient répondu: Un cheval plus rapide!» Contrairement à la plupart des entreprises qui demandent à leurs clients ce qu'ils désirent, Jobs tentait plutôt d'être son client, de vivre son expérience, pour ainsi l'améliorer. «N'ayez pas peur de changer la vie de vos clients!», lance l'auteur.

La vision: «Après avoir compris ce dont le client a besoin, il faut développer une vision du produit. Cette vision doit être la plus simple possible, facile à comprendre et à communiquer au reste de l'équipe», résume M. Sander. Un truc: essayez de résumer votre vision en dix mots.

La culture: «Il faut d'abord engager le bon type d'employés pour notre entreprise, sinon la vision n'ira nulle part.» Jobs désirait des employés qui se sentaient à l'aise dans une entreprise sans structure ni supervision. «Il était allergique à la bureaucratie, piège dans lequel tombent la plupart des entreprises», constate M. Sander.

Le produit: «Le produit est le fruit de cette compréhension du client, de la vision et de la culture d'entreprise», analyse l'auteur. Autre leçon à retenir: Jobs n'avait pas peur de faire des erreurs et d'apprendre de celles-ci.

Le message: Jobs était particulièrement brillant pour créer cette fébrilité autour du lancement d'un nouveau produit, non seulement auprès des consommateurs, mais de ses propres employés. «C'est le premier conseil que je donnerais à un dirigeant d'entreprise: soyez votre propre porte-parole», affirme-t-il.

L'image de marque: «L'image de l'entreprise est importante, mais aussi celle de son dirigeant. Il faut établir une image de marque personnelle et c'est ce à quoi Jobs était si génial. Cela inspire le respect et permet d'aller encore plus loin», conclut M. Sander.

Que ferait Steve Jobs à ma place? de Peter Sander, traduction de Danielle Charron, Éditions Transcontinental, 160 p., 26,95$