Tous les matins, à 6h30, Stéphane Picard prend le train pour se rendre à la mine d'ilménite de Rio Tinto Fer et Titane, à Havre-Saint-Pierre. Cinquante minutes plus tard, c'est avec joie qu'il retrouve l'une des 14 grosses pièces de machinerie pour lesquelles il a été formé.

L'opérateur de machinerie lourde n'a pas le temps de s'ennuyer. Du camion de production (capacité de chargementde 100 tonnes, pneus de trois mètres de haut) à la chargeuse, la rétrocaveuse, la niveleuse ou la grue, les manoeuvres sont souvent complexes. Mais «des fois, ça me fait penser à un enfant qui s'amuse avec de gros jouets», dit l'homme de 37 ans.

Il badine évidemment, car travailler dans une mine à ciel ouvert, c'est du sérieux. Surtout avec des monstres qui valent chacun de un à cinq millions de dollars. Mais ce n'est pas Stéphane qui se plaindra de travailler avec de tels engins.

«On a l'air climatisé, le chauffage, une super bonne radio. Juste le siège sur lequel je travaille vaut 10 000$. En plus, on nous fournit des bouteilles d'eau. C'est très axé santé et sécurité au travail. L'époque où les opérateurs finissaient leur journée de travail sales de la tête aux pieds, ça n'existe plus», dit M. Picard.

Affaire de famille

Le jeune homme est employé chez Rio Tinto Fer et Titane depuis déjà 13 ans. Titulaire d'un DEP (diplôme d'études professionnelles) en mécanique, Stéphane Picard a travaillé dans son domaine pendant trois ans, notamment sur les chantiers du barrage de la rivière Sainte-Marguerite. Mais, préférant opérer des machines plutôt que de les réparer, il a envoyé son CV à la mine où son père Claude a travaillé 45 ans.

Aussitôt embauché, il a reçu une série de formations pour devenir opérateur de machinerie lourde. Le domaine minier est une affaire de famille, chez les Picard. Les deux frères de Stéphane travaillent eux aussi pour Rio Tinto à Havre-Saint-Pierre, l'un à titre de mécanicien, l'autre en qualité d'opérateur de machinerie lourde.

Stéphane Picard se targue d'avoir le «plus bel horaire de la planète», qui s'établit sur une période de 21 jours. Son salaire annuel est de 70 000$ à 75 000$ et il est «off» durant 18 semaines, auxquelles s'ajoutent cinq «vraies» semaines de vacances.

Opérateur de machinerie lourde

Il existe au Québec deux programmes de DEP (diplôme d'études professionnelles) permettant de devenir opérateur de machinerie lourde: le DEP Conduite d'engin de chantiers (DEP 5220), et le DEP Conduite d'engins chantiers nordiques (DEP 5284). Ce dernier est toutefois offert exclusivement aux populations autochtones. Par ailleurs, un DEP spécialisé dans le secteur des mines sera créé sous peu.

À SAVOIR

Milieu de travail : tous les secteurs de la construction confondus, dont le génie civil (construction de route, d'autoroute, etc.), le secteur résidentiel, les secteurs institutionnel et commercial, de même que le secteur industriel (ce qui comprend le secteur minier).

Salaire annuel moyen selon la formation : de 22 000 $ (pour un apprenti) à 75 000 $.

Nombre de personnes en emploi dans le secteur en 2010 : 6883

Nombre de femmes actives dans le métier : 31

Le DEP 5220 (1095 heures sur huit mois) est offert dans quatre centres de formation privés et publics:

- École nationale de camionnage et équipement lourd (privé) à Terrebonne et à Québec.

- École du routier G.C. (privé) à Trois-Rivières.

- Centre de formation en conduite d'engins de chantier et de grues (public) à Les Cèdres.

- Centre national de conduite d'engins de chantier (public) à Saint-Jean-Chrysostome.

Le DEP 5284 (900 heures sur un an), offert exclusivement, et selon la demande, aux populations autochtones, est offert en anglais ou en français par les deux organismes suivants:

- Commission scolaire crie (à son centre de formation de Waswanipi, entre Val-d'Or et Chibougamau).

- Commission scolaire Kativik (dans une communauté où de l'équipement lourd est accessible pour donner la formation).