Sylvie Gareau est travailleuse sociale depuis 25 ans. Née à Montréal, elle complète son baccalauréat en service social à l'Université de Sherbrooke.

Après quelque temps à travailler dans le milieu communautaire de la région montréalaise, elle trouve un emploi comme travailleuse sociale au Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord (CPRCN), qui compte une vingtaine de points de service à travers le territoire s'étendant sur 1200 km de côte.

«J'avais fait le voyage de Montréal en voiture. C'est magnifique, le fleuve nous suit, nous séduit. J'habite sur le bord de la mer et j'ai les plages à perte de vue. C'est vraiment un autre rythme», décrit-elle.

Elle travaille d'abord au CPRCN comme intervenante pour la Protection de la jeunesse, avant de devenir cadre, poste qu'elle occupe depuis huit ans. Mme Gareau porte plusieurs chapeaux, accomplissant une tâche colossale: en plus d'être réviseure pour la Protection de la jeunesse à Baie-Comeau et Natashquan (elle fait le suivi des enfants pris en charge), elle est également chef à l'adoption et expertise psychosociale ainsi que chef des services régionaux et des urgences sociales pour la Côte-Nord. Tout ça, en plus de remplacer depuis trois ans un poste vacant de gestionnaire à Havre-Saint-Pierre.

Manque de personnel

De toute évidence, le personnel manque: présentement, 100 enfants sont en attente d'évaluation sur la Côte-Nord. Depuis plusieurs années, 20% de tous les postes offerts au CPRCN demeurent vacants. «On est en grande pénurie, autant pour les professionnels sur le plancher que pour les postes cadres, confirme Mme Gareau. Nous travaillons dans des conditions très différentes de ce qui peut être vécu dans les grands centres. Il faut être généraliste.»

Territoire vaste, huit communautés autochtones, isolement, problèmes de jeux et de consommation, violence familiale, barrière de la langue... Les défis sont multiples. Non seulement il faut avoir les qualités nécessaires à tout bon travailleur social - capacité à communiquer, à écouter et à travailler en équipe, ouverture d'esprit, empathie, diplomatie -, mais il faut être résistant au stress, faire preuve d'autonomie, de créativité... et être aventureux! «Ceux qui aiment le contact avec la nature et l'aventure seront choyés, assure la travailleuse sociale. Il faut aussi être interpellé par ces communautés, avoir envie d'aller à leur rencontre.»

Nul doute, être travailleuse sociale est une vocation pour Mme Gareau. «Ce qui m'anime tous les jours, c'est faire la différence pour les enfants en souffrance. On vit aussi des moments très émouvants avec ces parents qui ont de la difficulté, mais qui aiment leurs enfants et tentent de nous le traduire dans leurs mots, leurs gestes», conclut la femme de 53 ans avec émotion.

À SAVOIR

Formation: Baccalauréat en service (travail) social.

Salaire: De 21,18$ à 39$ de l'heure (selon l'échelle salariale, catégorie Agents de relations humaines).

Demande de la main-d'OEuvre: Selon l'IMT, il s'agit d'une des professions les plus demandées au Québec actuellement.

Perspectives d'emploi: Les travailleurs sociaux et autres professions reliés aux services communautaires et sociaux comme les éducateurs, psychologues, ergothérapeutes, physiothérapeutes et orthophonistes sont très demandés dans le Nord actuellement.

Employeurs potentiels: Centres communautaires et jeunesse, CLSC, CHSLD, ...

Sources: Emploi-Québec, Indicateurs du marché du travail (IMT), Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord.

Formation

Agents de relations humaines

Au Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord, les besoins en agents de relations humaines, une catégorie qui inclut les travailleurs sociaux, sont criants. Pour accéder à ces postes, un baccalauréat dans une des disciplines suivantes est exigé: service social, psychoéducation, criminologie ou psychologie. Plusieurs universités offrent ces programmes au Québec. Cependant, pour le moment, aucun établissement universitaire n'est implanté sur la Côte-Nord. La région doit donc aller courtiser sa main-d'oeuvre à l'extérieur du territoire. Le projet de loi 21, qui devrait entrer en vigueur ce printemps, obligera désormais les agents de relations humaines à être membre d'un ordre professionnel pour faire des gestes liés à l'orientation et l'évaluation d'un usager. Ceux qui nes sont pas membres de leur ordre pourront seulement poser des actes en application de mesures, explique Nora Pineault, chef de service en RH pour le CPRCN. Pour éviter un bris de service, la loi prévoit un droit acquis pour les personnes qui exerçaient déjà ces activités avant le 21 juin 2010. Deux ordres professionnels sont concernés: l'Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec et l'Ordre professionnel des conseillers et conseillères d'orientation et des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec. Autrement, la formation continue est primordiale pour les agents de relations humaines. «Plusieurs types de formations existent, dans les établissements ou auprès de l'Université de Sherbrooke, qui offre de la formation continue. Il existe des programmes ciblés aussi, par exemple en délits sexuels. En faisant partie de l'Ordre, il y a des unités de formation continue qu'on doit aller chercher annuellement», souligne Sylvie Gareau, travailleuse sociale.