La proportion de femmes dans des postes de direction dans les organisations est encore bien en deçà de la parité. Comment changer les choses? Une nouvelle étude de Catalyst suggère que l'avenir des femmes passe par le parrainage.

«La représentation des femmes dans des postes de direction connaît une très lente progression», constate Deborah Gillis, porte-parole canadienne pour Catalyst, organisation américaine à but non lucratif fondée en 1962 qui se préoccupe de l'avancement des femmes dans le monde du travail.

En effet, parmi les 500 entreprises canadiennes qui se classent dans le palmarès publié chaque année par le Financial Post (FP500), le nombre de femmes occupant des postes de direction dans ces entreprises est passé de 14% en 2002 à 17,5% en 2010. Parmi celles situées au Québec, la progression a été de 12,2% à 17,8%.

«Ces chiffres montrent à quel point les femmes sont encore aujourd'hui sous-représentées dans des rôles de leader», ajoute Mme Gillis. Pour comprendre pourquoi cette situation perdure, Catalyst a conduit une étude examinant le rôle du parrainage dans la progression professionnelle des individus. Intitulée Sponsoring Women To Success, l'étude se base sur 93 entrevues réalisées avec des gestionnaires haut placés dans six grandes entreprises internationales.

Parrainage et mentorat: de grandes différences

Si les femmes ont souvent accès à un mentor, elles sont moins souvent en contact avec un parrain, deux relations différentes, note l'étude. «Mentorat et parrainage ne sont pas des synonymes, mentionne Mme Gillis. Si le mentorat est très important pour aider au développement de la carrière et du talent, le parrainage, lui, aide à l'avancement de la carrière.»

En résumé, «le mentor te parle, te donne des conseils et partage son expérience alors que le parrain va parler de toi aux autres. Il est celui assis à la table où se prennent les décisions pour une promotion, par exemple. Le parrain va mettre sa crédibilité et sa réputation en jeu pour appuyer une candidature», explique Mme Gillis.

Le parrainage est d'autant plus crucial pour les femmes, car comme le souligne le rapport produit par Catalyst, une femme qui s'autopromeut pour obtenir un avancement est souvent moins bien perçue qu'un homme qui a le même comportement.

«C'est un double dilemme: d'un côté, les femmes sont désavantagées, car elles ne sont pas perçues comme ayant des qualités de leader. De l'autre, elles le sont aussi quand elles ne correspondent pas aux stéréotypes de leur genre. Un parrain peut minimiser cet impact négatif, car c'est lui qui va parler en son nom aux dirigeants de l'entreprise», explique Mme Gillis, tout en ajoutant que le parrainage n'est dû à personne, mais se mérite grâce à un travail acharné et une bonne performance.

Gagnant pour tous

Si les protégés - et plus particulièrement les femmes - ont tout à gagner à développer une relation de parrainage avec un cadre influent dans leur entreprise, la situation est loin d'être sans avantage pour les autres parties.

«C'est une situation de win-win-win», avance Mme Gillis. D'abord pour la femme qui est parrainée, pour aider à l'avancement de sa carrière. Mais aussi pour le parrain, qui est reconnu ayant du leadership et comme quelqu'un qui a à coeur de promouvoir tous les talents dans son entreprise. Et finalement pour l'organisation, qui a tout à gagner à ce que chaque talent soit développé au sein de l'entreprise.»

Mais pour que ce procédé soit efficace et réussisse à développer de nouveaux talents féminins à tous les niveaux de l'organisation, le parrainage doit réellement faire partie de la culture de l'entreprise. «Le parrainage se produit de façon informelle tous les jours et nous savons que les hommes sont plus susceptibles d'avoir accès à ces relations que les femmes. Voilà pourquoi il est important pour les entreprises d'officialiser le parrainage et d'être transparent quant à leurs attentes. C'est ainsi que tous les talents vont avoir une vraie occasion d'avancement», conclut Mme Gillis.