Plus de la moitié des répondants (55%) affirment que les travaux routiers ont un impact sur la gestion des employés dans leur entreprise. Le sondage, mené par l'Ordre des CRHA auprès de près de 700 conseillers en ressources humaines, montre que la congestion routière, amplifiée par les nombreux travaux sur les infrastructures déficientes de Montréal, a un effet néfaste sur l'emploi.

Fait inquiétant, 46% disent perdre des candidats résidant sur la Rive-sud ou dans la banlieue nord parce qu'ils sont situés dans l'île. «Nombre d'employeurs nous ont écrit pour partager leur expérience, témoigne le président de l'Ordre, Florent Francoeur. L'un d'eux ne croyait pas que la situation était si alarmante jusqu'à ce qu'il perde un employé à cause des problèmes de transport.»

Un phénomène qui aggrave le problème bien réel de l'accès à une main-d'oeuvre qualifiée. «C'est la préoccupation principale de tous les employeurs au Québec. L'embouteillage devient donc un enjeu majeur pour les employeurs montréalais, confirme Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec (CPQ). Mais tout n'est pas noir ou blanc. S'il est vrai que ceux qui vivent dans la couronne nord et sur la Rive-Sud peuvent préférer un emploi plus près de leur résidence, d'autres vont aussi faire le choix de déménager dans l'île.»

Moral et productivité affectés

Ce qui est clair, c'est que vivre jour après jour de longues attentes dans la circulation mine le moral des travailleurs. Les conseillers en RH affirment qu'ils en constatent les effets néfastes chez les employés: stress (80%), fatigue (70%) et irritabilité (64%). «La circulation est un facteur aggravant et on peut dire que les travailleurs n'avaient pas besoin de ça! Des gens partent à cinq ou six heures le matin et arrivent déjà fatigués et stressés au bureau», constate M. Francoeur.

Les travaux routiers n'aident pas non plus le problème de l'absentéisme. Près de 45% constatent plus d'absentéisme que d'habitude au bureau, ce qui nuit à la productivité des entreprises. Les retards sont aussi en hausse selon 80% des répondants. Si 43% ont des retards de 15 à 30 minutes par jour, 24% arrivent une demi-heure ou même une heure en retard! Pour éviter le trafic, 51% des employés quittent leur travail plus tôt et 16% écourtent leur horaire.

Des solutions!

Les employeurs tentent de trouver des solutions à ce problème: télétravail, covoiturage, transport en commun, horaires flexibles. «Certains employeurs proposent, par exemple une semaine de quatre jours avec des journées plus longues, ou créent des lieux d'échange pour encourager le covoiturage. Autant les entreprises, les individus que le gouvernement doivent faire leur part», croit M. Francoeur.

On peut faire mieux: selon un sondage publié par Workopolis, 69% des travailleurs canadiens affirment se rendre au travail en voiture. Ils sont seulement 19% à utiliser les transports en commun et 10% à faire du covoiturage, tandis que 12% des gens se rendent au travail à pied et 4% à vélo.

Si le CPQ accueille favorablement les mesures annoncées par le ministre Sam Hamad, M. Dorval explique qu'il faudra aller plus loin, qu'on parle de coordination des travaux, de communication avec les usagers de la route ou d'amélioration de l'efficacité des transports en commun.

«Il faut une plus grande transparence. Cela ne sert à rien de se cacher la tête dans le sable ou de critiquer les erreurs passées. Si on sait clairement quelle est la situation, on va peut-être moins se fâcher chaque matin et commencer à travailler de concert pour trouver des solutions alternatives», avance M. Dorval.

Dans cet ordre d'idées, le CPQ convie ses membres le 15 septembre pour un forum sur l'état des infrastructures en présence notamment du ministre des Transports, qui présentera un portrait de la situation. Les employeurs pourront aussi partager leurs inquiétudes et avancer des pistes de solution.