Le Canada a beau avoir traversé la dernière crise financière avec une certaine aisance, les soubresauts de l'économie n'ont pas été sans conséquence sur le moral des travailleurs, comme l'indiquent quatre différents sondages parus hier et qui dépeignent un travailleur essoufflé, prêt à quitter son emploi à la première occasion.

«On est dans une période où les entreprises essaient vraiment d'augmenter la productivité, explique Florent Francoeur, PDG de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA). En même temps, les travailleurs ont besoin de temps. Ils sont sous pression au travail et à la maison, avec le couple qui travaille, les enfants, et à l'occasion, leurs parents dont ils doivent s'occuper. Les gens reviennent de vacances fatigués. Ça devient décourageant et ça se traduit par plus de cas de surmenage, comme l'indique le sondage du Conference Board.»

Selon cet organisme, 44% des 1000 Canadiens sondés ont admis connaître ou avoir connu des problèmes de santé mentale au travail, que ce soit le stress excessif, l'anxiété, la dépression, la dépendance aux médicaments, l'alcool ou les drogues, etc. Une situation coûteuse pour les entreprises, puisque 78% des réclamations d'assurance invalidité de court terme et 67% des réclamations d'invalidité de long terme sont liées à des cas de santé mentale en 2009-2010.

Pas assez de vacances

Les travailleurs qui comptent sur les vacances estivales pour se refaire une santé seront déçus. À quelques jours de la fin de l'année scolaire et du début des vacances estivales pour bon nombre de travailleurs, le CRHA a publié un sondage qui soutient que 55% des travailleurs estiment que leurs vacances sont trop courtes pour refaire le plein d'énergie. Une proportion à la hausse par rapport à l'an dernier, où c'était 42% des répondants.

«C'est humain de vouloir plus de vacances», fait remarquer Martine Hébert, vice-présidente Québec pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la voix de la PME au Québec. Selon elle, les travailleurs d'aujourd'hui recherchent la flexibilité au travail, une caractéristique que les PME sont en mesure de leur offrir.

Selon le coup de sonde du CRHA, 37% des travailleurs ont trois semaines de vacances et plus. «Ce n'est pas tant la durée des vacances qui pose problème, mais plutôt comment on les utilise, rétorque Florent Francoeur. Environ 30% des travailleurs nous disent qu'ils restent en contact avec le bureau pendant leurs vacances. Ils ne décrochent pas.»

Moins engagés qu'ailleurs

D'après un autre sondage, un Canadien sur deux songe à quitter son emploi, d'après la firme-conseil Mercer. «Le niveau de désengagement des Canadiens à l'égard de leur employeur est parmi les plus élevés des 17 pays que nous avons sondés», souligne France Despatie, conseillère principale, capital humain, chez Mercer.

Les travailleurs font état de reculs des conditions de travail et de promesses faites en échange de concessions non tenues.

Pistes de solution possibles pour les employeurs, le degré de satisfaction des travailleurs est beaucoup plus élevé quand ils participent à un régime de rémunération variable ou une bonification. Une évaluation annuelle de l'employé donne un résultat semblable. «L'opinion d'un employé à l'égard de son entreprise est plus positive de 20 à 25 points de pourcentage quand il a fait l'objet d'une évaluation de rendement dans les 12 mois précédents l'enquête», souligne Mme Despatie.

Faisant écho aux observations de Mercer, l'agence de services en placement de personnel Randstad Canada a publié un sondage selon lequel «57% des employés canadiens remarquent que la majorité des collègues ayant quitté récemment la compagnie offraient un très bon rendement, ce qui signifie que les employés qualifiés tendent à partir».