Shaun Hatrick a passé deux semaines en Éthiopie pour aider l'organisme War Child Canada. Sophie Caudiu, elle, a trié des aliments frais chez Moisson Montréal, en plus de donner un coup de pouce à la Maison Jacques-Cantin destinée aux personnes qui viennent de loin pour suivre un traitement contre le cancer à Montréal.

Qu'ont en commun ces bénévoles? Ils sont à l'emploi d'entreprises qui leur permettent de donner de leur temps de travail pour une bonne cause. C'est ce qu'on appelle le bénévolat d'entreprise.

« Ce fut une expérience extraordinaire! Cela me rend fier d'être employé par cette compagnie «, déclare M. Hatrick, qui est coordonnateur du commerce de détail et des achats courants chez Aéroplan.

« C'est très valorisant. Cela m'a permis de mieux connaître des collègues qui, eux aussi, mettaient la main à la pâte, et du coup, de renforcer notre esprit d'équipe «, témoigne pour sa part Mme Caudiu, directrice principale chez RSM Richter Chamberland.

Pratiqué depuis des dizaines d'années aux États-Unis, le bénévolat corporatif en est encore à ses premiers balbutiements au Québec. L'engouement, cependant, est bien réel. Telus, Desjardins, Loto-Québec, Frito-Lay, le Groupe Aldo et Molson ne sont que quelques-unes des entreprises qui s'impliquent dans la communauté.

L'offre dépasse la demande

Depuis 2004, les employés d'Aéroplan peuvent effectuer des voyages d'engagement. Trois d'entre eux sont allés au Laos au début du printemps pour mieux connaître les activités de Vétérinaires sans Frontières Canada. Pour sa part, RSM Richter Chamberland organise chaque année depuis 2008 une journée de bénévolat. Pratiquement tous les employés y participent.

« Il y a trois ans, on passait une heure par semaine à soutenir les groupes, c'est-à-dire les entreprises, les étudiants ou les clubs associatifs, dans leurs efforts d'engagement. Aujourd'hui, on y consacre plus de 20 heures par semaine «, signale François Lahaise, agent des communications du Centre d'action bénévole de Montréal (CABM). Il ajoute qu'actuellement, l'offre de bénévolat dépasse de loin la demande. Selon les chiffres du CABM, la moitié des groupes de volontaires est constituée de travailleurs.

Tout le monde y gagne

Le bénévolat d'entreprise ne profite pas qu'à la communauté. Les employés y gagnent beaucoup. «J'ai appris tant de choses en observant l'organisation de War Child Canada, remarque Shaun Hatrick. Cela m'a éveillé à une réalité qui m'était jusqu'alors étrangère. «

Sa superviseure, Jackie Valliear, croit qu'inscrire cette expérience dans un curriculum vitae n'est pas négligeable. « Cela démontre l'ouverture, la curiosité et la générosité d'une personne «, dit celle qui a aidé M. Hatrick, à son retour d'Éthiopie, à créer un programme pour amasser des fonds pour sa cause.

François Lahaise ajoute que ce type d'activités diminue le stress associé au travail, donne de l'énergie, améliore l'estime de soi et procure le sentiment « d'avoir fait une différence « dans la vie des gens.

De son côté, l'entreprise polit son image de bon citoyen corporatif. Mais cette forme de relations publiques ne gêne pas M. Lahaise. « La plupart des organismes communautaires n'ont pas les ressources pour faire avancer les choses comme peut le faire le bénévolat d'entreprise, même si ce n'est que de l'aide ponctuelle. Pour moi, c'est donnant-donnant. «

Le bénévolat corporatif stimule par ailleurs la fierté et la loyauté des employés en plus d'améliorer les relations de travail. « C'est sûr que ça crée une complicité quand on se retrouve tous en jeans et en t-shirt pour faire de la peinture «, constate Denis Chamberland, coassocié directeur chez RSM Richter Chamberland, qui, cette année préparera les aliments au restaurant Robin des Bois lors de la journée de bénévolat du cabinet.

Son rêve? « Que tous les employés des entreprises montréalaises donnent de leur temps une fois par année «, espère-t-il.