Scaphandrier est un métier peu connu. Pour cause, ils sont seulement 75 plongeurs professionnels au Québec. Regard sur une profession qui se déroule exclusivement sous l'eau!

C'est à l'Institut maritime de Rimouski que sont formés les scaphandriers au Québec. Chaque année, l'école accepte seulement douze candidats pour suivre son programme d'une durée d'un an. Un nombre restreint, en accord avec les besoins du marché, dont le taux de placement est de 100%.

Malgré ces données alléchantes, le métier de plongeur professionnel comporte de nombreux défis. Le travail est très exigeant physiquement et il faut parfois évoluer dans des conditions extrêmes (eaux glacées, contaminées, espaces exigus). Le travail est instable, saisonnier (même si certains travaux s'effectuent l'hiver) et les déplacements, fréquents. Parmi les employeurs importants, on compte des papetières, alumineries et compagnies maritimes ou encore le ministère des Transport et Hydro-Québec.

Les travaux effectués par les scaphandriers sont divers: réfection de quais, de ponts, entretiens de barrage, de bateaux. La formation doit donc de refléter cette variété. «Il faut montrer aux élèves tout ce qui se fait comme travail sur les matériaux qu'on rencontre sous l'eau comme le béton, le bois, l'acier et l'époxy. Il y a aussi la photographie et la vidéo sous-marine, pour l'inspection. Bref, c'est un métier très manuel et très physique. Il faut aussi avoir une bonne capacité d'analyse, pour identifier rapidement la cause d'un problème», énumère Serge Lavoie, professeur à l'IMR.

C'est donc à des tests de sélection serrés que doivent se soumettre les quelque 70 personnes qui posent leur candidature chaque année. En plus d'une certification en plongée récréative, une formation en construction, en mécanique, soudure ou même génie civil sera favorisée. L'expérience en plongée sera aussi considérée en consultant le carnet de plongée de la trentaine de candidats présélectionnés, en leur faisant effectuer divers exercices sous l'eau et en évaluant leur condition physique.

Pour les femmes aussi!

Mylène Leclerc a 29 ans et semble prédestinée à exercer un métier non traditionnellement féminin. La jeune femme a deux fois été lauréate du concours Chapeau les filles! , qui s'adresse à celles qui oeuvrent dans un métier traditionnellement réservé aux hommes. D'abord en 1999 à titre de ferblantière - son premier métier - puis l'an dernier, alors qu'elle était fraîchement diplômée de l'IMR.

Elle est aujourd'hui porte-parole pour le concours: «Je me suis toujours sentie à l'aise dans les métiers traditionnellement masculins, même si j'ai dû faire ma place. J'aime l'ambiance pas compliquée», explique celle qui s'est aussi formée en soudure.

Seulement 10% des personnes qui exercent le métier de scaphandrier au Québec sont des femmes. Mme Leclerc peut se targuer de faire partie de ce groupe sélect. Si les femmes restent peu nombreuses, elles sont beaucoup plus présentes qu'il y a 10 ans, où elles représentaient au mieux 2% de la profession, note M. Lavoie.

La mère de deux enfants avoue avoir désenchanté lorsqu'elle s'est rendu compte du manque de stabilité du métier. Heureusement, elle a eu la chance de mettre les pieds chez Hydro-Québec dès sa sortie de l'école, où elle a été engagée pour installer des câbles sous-marins et faire de l'entretien de barrages. Avec un peu de chance, elle sera rappelée cette année.

L'aspect instable du métier est par ailleurs prisé par plusieurs, ajoute M. Lavoie. «La moyenne d'âge des élèves est de 23 ans. Ce sont des gens qui recherchent l'aventure et veulent voyager. Mais cette instabilité fait en sorte que plusieurs plongeurs changent de métier après 5 ou 10 ans», explique-t-il, ayant lui-même exercé la profession durant une dizaine d'années.