On valorise généralement les longues semaines de travail, on organise d'interminables réunions, on fait des plans quinquennaux et on souhaite que son entreprise devienne toujours de plus en plus grosse. Dans leur livre Réinventer le travail, Jason Fried et David Heinemeier Hansson disent tout le contraire.

Voici cinq idées audacieuses des deux auteurs qui sont aussi fondateurs de la firme 37signals dont les logiciels sont utilisés par plus de trois millions de personnes dans le monde.

Travaillez de 10 à 40 heures par semaine

Pourquoi? «Les outils autrefois hors de portée sont accessibles et la technologie qui coûtait une fortune est offerte à bon compte, parfois même pour rien. Une personne peut abattre à elle seule le travail de deux ou trois employés et quelquefois, d'un service entier», expliquent-ils dans leur livre.

Les deux auteurs croient même que les bourreaux de travail finissent par causer plus de problèmes qu'ils n'en règlent: présentéisme, jugement altéré par de trop longues heures de travail, sentiment de culpabilité développé chez les autres employés qui ne passent pas leurs soirées au bureau, risque d'épuisement professionnel, etc.

«Le véritable héros est déjà rentré chez lui parce qu'il a trouvé une manière plus rapide de faire les choses», écrivent-ils.

Évitez la planification à long terme

«En affaires, à moins que vous ne soyez devin, planifier à long terme relève du fantasme. Trop de facteurs ne dépendent pas de vous: les conditions du marché, les concurrents, les clients, l'économie, etc. Faire un plan d'affaires vous donne l'impression de maîtriser ce que vous ne pouvez pas maîtriser», affirment Jason Fried et David Heinemeier Hansson.

D'après les deux hommes d'affaires, la planification met des oeillères, elle ne laisse pas de place à l'improvisation. Leur suggestion? Sans arrêter de penser à l'avenir, ils croient que l'idéal est d'établir ce qu'il y a à faire cette semaine plutôt que cette année.

«Vous devez pouvoir vous dire: nous prenons une nouvelle direction parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire aujourd'hui.»

Évitez les réunions

Pour Jason Fried et David Heinemeier Hansson, les réunions sont toxiques: elles ne véhiculent habituellement qu'une quantité infinitésimale d'informations par minute, elles s'éloignent souvent de leur objectif, elles incluent souvent au moins une personne qui fait perdre du temps aux autres et elles se reproduisent à toute vitesse.

«Si vous convoquez 10 personnes à une réunion d'une heure, vous venez d'organiser une réunion de 10 heures. Troquer 10 heures de productivité contre une heure de réunion peut-il être justifié?»

Si oui, voici leurs suggestions: réglez une minuterie et cessez la réunion lorsqu'elle sonne. Invitez le moins de gens possible. Préparez un ordre du jour très clair. Commencez par un problème précis. Rencontrez-vous à l'endroit où le problème se pose. Trouvez une solution avant la fin de la réunion et désignez la personne responsable de l'appliquer.

Oubliez les CV, les diplômes et les années d'expérience

Pour les deux dirigeants d'entreprise, les CV sont truffés d'exagérations et de verbes d'action qui ne riment à rien. Ce n'est pas non plus les années d'expérience qui comptent, mais la qualité du travail accompli. Et les diplômes? «Des tas de gens intelligents n'excellent pas sur les bancs d'école.», remarquent-ils.

Leurs conseils? Regardez la lettre de présentation et voyez si elle vous convient. Évitez d'embaucher des gens qui délèguent, mais favorisez des gens autonomes qui proposent leurs propres objectifs et qui travaillent eux-mêmes pour les atteindre.

Préférez aussi des gens qui écrivent bien.

«Une écriture claire dénote une pensée claire. Les gens qui écrivent bien savent communiquer. Ils rendent les choses faciles à comprendre», écrivent-ils. Les auteurs croient que ces qualités sont inestimables, d'autant plus que l'écriture revient en force avec les courriels, les messages textes, le clavardage et les blogues.

Ne visez pas la croissance à tout prix

Constamment, les gens veulent connaître la taille de votre entreprise. Plus le chiffre est gros, plus les gens sont impressionnés. Un mirage, d'après les auteurs qui ont choisi de garder leur entreprise de petite taille.

«Rien ne vous oblige à viser la croissance. Et cela ne s'applique pas qu'au nombre d'employés, mais aussi aux dépenses, à l'infrastructure technologique, au mobilier, etc. Si vous allez dans ce sens, vous acceptez les maux de tête qui les accompagnent. En multipliant les frais, vous vous condamnez à bâtir une entreprise complexe, et donc plus difficile et plus stressante à diriger.»

Réinventer le travail est publié en version française aux Éditions Transcontinental.