Le ministère des Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) ont publié la semaine dernière leur analyse trimestrielle des pratiques innovatrices en milieu de travail, négociées dans le cadre de conventions collectives. Arrêt sur deux exemples intéressants, au Manitoba et au Québec.

L'analyse du RHDCC est publiée chaque trimestre, et met en lumière les pratiques innovatrices et productives négociées dans le cadre d'une convention collective entre un syndicat et un employeur.

Revenant sur une dizaine de cas dignes d'intérêt, l'analyse du RHDCC fait notamment état du cas du Red River College, à Winnipeg, au Manitoba, qui a d'ailleurs été classé parmi les 25 meilleurs employeurs du Manitoba dernièrement. La nouvelle convention collective, d'une durée de quatre ans, a été signée cet automne.

Parmi les acquis des 1300 employés, on retrouve une entente selon laquelle ceux qui travaillent au campus du centre-ville auront droit à une réduction de 60% sur l'Eco-Pass (laissez-passer d'autobus) à partir du 1er janvier 2011.

«Dernièrement, le collège a développé un campus au centre-ville, explique le président du syndicat, Jean Sourisseau. Son but était de redonner vie à des immeubles historiques, dont plusieurs étaient en train de s'écrouler, puis de réduire son empreinte carbonique. Cependant, il n'existe aucune place de stationnement subventionnée près de ce campus, ce qui causait des dépenses supplémentaires aux employés.»

Le syndicat tentait depuis quelque temps d'obtenir un arrangement pour ces employés, dit M. Sourisseau, qui espère que cette initiative pourra faire réfléchir d'autres collèges et universités.

Une initiative semblable est en cours depuis 2004 à l'Université de Sherbrooke, la seule au Québec à proposer le laissez-passer gratuit d'autobus aux étudiants. «Le secteur des transports représente 43% des gaz à effet de serre au Québec; si on veut réduire les émissions de 20% d'ici 2020, on devra opter pour des stratégies de transport plus efficaces. Il faut que d'autres institutions d'enseignement emboîtent le pas», souhaite le vice-recteur au développement durable, Alain Webster.

L'institution est d'ailleurs en train de réfléchir à de nouveaux moyens pour inciter les employés à utiliser davantage les transports en commun. Un programme de crédit d'impôt au fédéral combiné à un rabais sur l'abonnement annuel pour l'autobus a été mis en place il y a quelques années, donnant accès à 25% d'économie au total. «Les employés ont aussi un accès gratuit au transport en bus entre le campus de Sherbrooke et celui de Longueuil. C'est un succès; plus de 500 personnes s'en servent par mois», avance M. Webster.

Contrer le travail au noir

Du côté du Québec, l'analyse du RHDCC présente le projet pilote convenu cet automne entre l'Association de la construction du Québec (ACQ) et l'Alliance syndicale de la construction du Québec, représentant près de 145 000 employés.

Ce projet pilote qui sera testé durant deux ans prévoit que les employés seront rémunérés au taux et demi au lieu du taux double pour les deux premières heures supplémentaires effectuées dans une semaine normale de travail. Son but? Contrer le travail au noir.

«Ce projet est intéressant puisque le secteur de la construction est victime d'une part importante du travail au noir du Québec, croit Léa-Laurence Fontaine, professeure au département des sciences juridiques de l'UQAM spécialisée en négociation collective. Si l'on peut saluer la préoccupation des parties à ce sujet, force est de constater que ce sont les travailleurs qui risquent d'en payer le prix. Mais laissons une chance au projet avant d'en tirer des conclusions hâtives», nuance-t-elle.

Toucher à des acquis

La concession a effectivement été difficile à faire pour le syndicat, reconnaît Lyne Marcoux, négociatrice en chef pour l'ACQ dans ce dossier. «Ce n'est pas facile de revenir sur des acquis comme ceux-là et certains employés sont mécontents de la situation. Mais il y a moins de 10% d'heures supplémentaires déclarées présentement, alors qu'on sait qu'il s'en fait plus que ça, une réalité reconnue par le syndicat. Nous croyons beaucoup au projet pour augmenter les déclarations.»