Face à une décision, qu'elle soit importante ou non, quatre peurs peuvent surgir.

« Et si je décide de changer d'emploi, la réaction de mes collègues, mon patron, ma famille sera catastrophique. » La peur de déplaire est probablement la peur la plus répandue et celle qui fait le plus de dommages. On imagine la réaction des autres et on l'amplifie en lui accordant beaucoup d'importance. La peur de déplaire se retrouve chez ceux qui sont dépendants du regard de leur entourage pour évaluer leur comportement. Décider, c'est affirmer son identité, c'est exprimer ses besoins et cela peut impliquer de déplaire aux autres. Puisque s'affirmer c'est dire NON aux autres et OUI à soi-même, choisir implique nécessairement de ne pas répondre aux attentes de tous. Faire l'unanimité, tout le temps, est une mission impossible.

La peur de se tromper freine souvent les personnes aux prises avec une décision difficile à prendre. Les perfectionnistes en particulier deviennent très anxieux à la simple idée de faire le mauvais choix. Puisqu'ils croient qu'on attend d'eux la perfection ou qu'ils se donnent eux-mêmes cette exigence irréaliste, ils vivent paralysés par cette peur au point de reporter le plus possible la date fatidique du choix. Quand c'est possible, ils laissent les autres décider à leur place. Tout le monde prend de mauvaises décisions et vit avec les conséquences de ce choix. LA bonne décision n'existe pas et choisir résulte d'un compromis entre des solutions qui ont des avantages et des inconvénients qui s'équivalent. Choisir c'est renoncer à des options valables et acceptables.

Choisir c'est également prendre un risque puisqu'on ne sait pas vraiment quelle est la meilleure solution. On se lance dans une direction en espérant que ce soit la bonne. Choisir représente un saut dans l'inconnu, car personne ne connaît l'avenir. La peur de l'inconnu paralyse surtout les control freaks puisque choisir contient une bonne dose d'incertitude. On prend une décision à un moment donné, en ayant une vision partielle, figée dans le temps, de toutes les implications d'un tel choix. « Seul l'avenir nous dira si c'était ou non une bonne décision. » Choisir c'est traverser un brouillard en espérant arriver à bon port.

La peur de l'échec envahit les pessimistes, car ils envisagent le pire pour leur avenir. Elle touche également ceux qui manquent de confiance en eux, s'imaginant échouer là où les autres réussissent. Choisir exige de faire confiance à la vie et avoir confiance en ses capacités. Si je crains de ne pas réussir des études universitaires, je ne choisirai pas de m'inscrire à l'université malgré mes bons résultats scolaires. Ceux qui craignent d'échouer écartent les possibilités de relever des défis et d'enrichir leur vie. Choisir c'est se mettre en action et se confronter à de nouveaux défis. Le funambule regarde droit devant lui au lieu de fixer le sol et provoquer ainsi sa chute. Choisir c'est exercer un pouvoir de changement dans sa vie en allant de l'avant. Si par malheur, on échoue, il faut apprendre de ses défaites et savoir se relever pour mieux continuer.

Isabelle Falardeau est conseillère d'orientation au Collège de Maisonneuve. Cette chronique est extraite et adaptée du livre «Sortir de l'indécision», publié chez Septembre éditeur