Les jeunes butinent d'un emploi à l'autre, croient tout savoir et veulent travailler pour de grosses entreprises... Ces stéréotypes ne tiennent pas nécessairement la route, selon un sondage publié la semaine dernière par le cabinet RSM Ritcher Chamberland.

Soixante-dix-huit pour cent des jeunes de 18 à 34 ans croient que les PME offrent de meilleures possibilités de développement de carrière que les grosses entreprises, 30% n'ont pas confiance en leurs compétences et 41% prévoient travailler jusqu'à trois ans pour le même employeur. Ces résultats, tirés d'un sondage réalisé par Angus Reid Strategies auprès de 1000 répondants canadiens pour le compte du cabinet de comptabilité et de services-conseils RSM Ritcher Chamberland, viennent remettre en question certains stéréotypes répandus sur la génération Y.

Ces résultats n'étonnent pas Jean-François Rougès, doctorant en management et consultant pour le Groupe Martin Forest. Parmi ses sujets de prédilection, la rencontre intergénérationnelle. «Ce sondage montre que le comportement des jeunes est paradoxal seulement si on le regarde avec des yeux de baby-boomers ou de X», avance-t-il.

Un de ces paradoxes: les boomers ont l'impression que les jeunes croient tout savoir, ce qui est faux, assure le consultant. La différence entre les méthodes d'apprentissage de la jeune et de la vieille génération serait la cause de ce malentendu. «Les Y apprennent beaucoup par essai-erreur. Plutôt que de demander l'aide d'un supérieur, ils vont essayer quelque chose. Ce que le jeune veut ensuite, c'est un input sur son travail pour continuer à s'améliorer, là où le boomer voit un travail mal fait.»

L'avantage des PME

La préférence de la génération Y pour les petites entreprises n'étonne pas M. Rougès. «Je dis souvent aux PME qu'elles ont un avantage considérable par rapport aux grosses. Une des conditions d'engagement de la génération Y est de se sentir utile et valorisée. Alors, si on propose aux jeunes des défis, des projets stimulants avec des gens sympas, il n'y a aucune raison pour qu'ils partent.»

Même son de cloche du côté de RSM Richter Chamberland. «Les jeunes ne veulent pas être seulement un numéro, dit Stephen Rosenhek, associé directeur. Si vous êtes proactif et répondez à leurs besoins par des programmes de leadership et de mentorat comme nous faisons ici au cabinet, ils apprécient cela et participent beaucoup.»

Martin Coutu, 27 ans, affirme qu'il ne retravaillerait jamais dans un endroit de plus de... 10 employés! Il travaille chez Sumo Industries, qui se spécialise dans la création de sites web pour les groupes de musique. Nombre d'employés? Trois.

«La vision que j'ai d'une grande entreprise, c'est quelqu'un entre quatre paravents qui n'a pas son mot à dire. Une petite entreprise fait en sorte que tout le monde participe à chaque projet; l'esprit d'équipe devient très fort.» Une approche qui rapporte, car, pour la deuxième fois, Sumo Industries est en nomination à l'ADISQ pour le site web de l'année, Félix qu'il avait remporté en 2008.

La démographie est du côté des Y et ils le savent. Avec le départ à la retraite de milliers de baby-boomers, ils auront un réel pouvoir de négociation. Un conseil? «Abandonnez les stéréotypes et cessez d'imaginer ce que les jeunes pensent. Demandez-leur directement!» lance le consultant Jean-François Rougès.

Quant aux boomers de 55 ans et plus, qui seraient 41% à privilégier la conciliation famille-travail, il pourrait être ingénieux de les faire participer, à temps partiel, à des programmes de mentorat, où ils pourront échanger avec les jeunes et partager leur savoir. «Il y a là une véritable occasion: les jeunes sentent qu'ils ont besoin d'apprendre et les boomers sont rendus à un âge de leur vie où ils ont envie de transmettre, dit M. Rougès. Le seul problème reste le mode d'apprentissage, car transmettre pour le boomer ne veut pas dire la même chose qu'apprendre pour le jeune.»