Certaines entreprises investissent des sommes considérables pour «chouchouter» leurs employés: table de billard, salle d'entraînement, jeux vidéo, massage sur chaise, machine à expresso, etc. Cette tendance aux environnements de travail décontractés, popularisée pendant la bulle technologique des années 90, avait pour but d'alléger les longues journées de labeur dans un secteur en plein développement et de favoriser le plaisir au travail. Si cette tendance s'est sophistiquée avec les années, elle s'est aussi étendue à d'autres industries dans le contexte où la main-d'oeuvre se raréfie. Les entreprises multiplient aujourd'hui les stratégies d'attraction et de fidélisation du personnel, en allant jusqu'à jouer un rôle dans la vie personnelle des employés.

Le rôle social joué par certaines entreprises se décline à trois niveaux: la vie sociale des employés, leur gestion du temps et leur santé physique. D'abord, il y a la mise en place de ressources de divertissement qui favorisent le tissage de liens entre les employés. Par exemple, chez Ubisoft, on retrouve un lounge avec des jeux vidéo, une table de billard, des cours de gym et un blogue pour encourager les réseaux sociaux internes.

Certaines entreprises offrent aussi à leurs employés un soutien pour pallier ce qui leur manque le plus: le temps! Ainsi, une garderie pour les enfants des employés a pignon sur rue dans les locaux de Loto-Québec, tandis que d'autres entreprises offrent des services de traiteur et de nettoyeur. Finalement, des entreprises comme CGI investissent dans la santé de leurs employés avec la mise en place d'un centre sportif, de services de diététiste et d'ergonomie au travail.

Au-delà des objectifs financiers...

Si l'objectif de ces pratiques peut être financier, puisqu'elles peuvent contribuer à augmenter le taux d'attraction et de fidélisation et à réduire le taux d'absentéisme, le taux de roulement et le nombre de cas d'invalidité, les entreprises qui constatent des résultats satisfaisants sont celles dont l'intention dépasse les objectifs financiers. Leurs initiatives visant le mieux-être de leurs employés font partie de leur identité organisationnelle et sont cohérentes avec leur culture et leurs pratiques de gestion. Autrement dit, les gestionnaires autorisent les employés à prendre des pauses pour bénéficier des ressources mises en place et véhiculent des valeurs qui vont dans le sens d'un équilibre de vie. Les entreprises qui ont recours à des pratiques pour encourager de façon déguisée le personnel à travailler de longues heures seront perdantes à long terme, puisque les employés finiront par découvrir leur intention et limiteront leur engagement.

Si ces pratiques présentent plusieurs avantages, elles ne permettront pas, contrairement à ce que certains pensent, de mobiliser le personnel de façon significative. Une fois l'effet de nouveauté retombé, les services sont souvent tenus pour acquis par les employés. Ce sont les responsabilités et les projets qui leur sont confiés qui les motivent, puisqu'ils sont la raison d'être de leur travail. C'est la capacité du gestionnaire à faire émerger un sens à leur travail, à aligner leurs responsabilités sur les objectifs organisationnels, à les responsabiliser et à les considérer qui contribuera à motiver les employés.

Joëlle Charpentier, CRHA, MBA, est associée chez Maletto et Associés, Services-conseils en développement organisationnel. Stéphanie Dubé, CRHA, est conseillère en développement organisationnel chez Maletto et Associés.