Vous êtes timide? Pas de panique! L'impact de ce trait de caractère sur une carrière peut varier selon le type de travail que l'on fait, explique Antoine Devinat, psychologue et coach professionnel certifié chez Dolmen Capital humain.

«Si quelqu'un est analyste expert dans un domaine ciblé, l'impact de sa timidité sera évidemment moins grand que pour quelqu'un qui travaille dans les relations publiques.»

Mais le fait d'être timide peut rendre plus difficile la progression hiérarchique au sein d'une organisation, dans la mesure où celle-ci demande des habiletés d'interaction avec les pairs. Toutefois, cela ne veut pas dire que la réussite d'un timide est impossible, selon M. Devinat.

«Plusieurs études démontrent que les plus grands chefs d'entreprise ne sont pas charismatiques, dit-il. De plus, certains professionnels réussissent très bien malgré le fait qu'ils soient timides ou introvertis.»

Toutefois, pour améliorer ses chances de réussir, notamment dans le milieu des affaires, il est préférable de surmonter sa timidité en développant ses habiletés à interagir. «Je connais un chef d'entreprise timide de nature, et qui a vite compris que s'il voulait que sa PME fonctionne, il devrait développer ses habiletés de réseautage, dit M. Devinat. Il existe de nombreux ateliers et programmes de formation pour apprendre à développer ces techniques.»

 

Une progression par étapes

Mais d'où vient la timidité? Selon Marie Bérubé, psychologue, il s'agit d'un trait en grande partie inné, et influencé par l'environnement et l'éducation. «Entre 15% et 20% des jeunes viennent au monde avec une tendance à être en retrait, dit-elle. Cette tendance est amplifiée par le fait d'être élevé par des parents eux-mêmes timides.»

Être timide, ce n'est pas la fin du monde! «Il n'y a pas d'âge pour se prendre en mains, sortir de notre zone de confort et essayer des choses différentes», dit-elle. Évidemment, on peut consulter un psychologue et suivre une thérapie. Mais il existe beaucoup de moyens pour s'améliorer avant d'en arriver à cette solution.

Selon la psychologue, il faut se mettre à l'épreuve de façon progressive. «On peut se donner des objectifs, se dire: aujourd'hui, je vais aborder une nouvelle personne, dit-elle. Au début, il vaut mieux choisir des personnes moins intimidantes que quelqu'un qui nous angoisse. Ce sont ces petites victoires qui nous permettent de nous rendre compte que oui, c'est possible de réussir ses communications. Mais ça ne vient pas tout seul!»

Le timide est tellement stressé et anxieux de ce que les autres penseront de lui qu'il demeure trop centré sur lui-même, explique Mme Bérubé. Il a peur de ne pas savoir quoi dire, et il en oublie d'écouter les autres! Apprendre à écouter activement et à être réceptif est donc la première étape pour surmonter la timidité.

«En concentrant son attention ailleurs que sur soi-même, cela fait diminuer l'angoisse», dit-elle. C'est aussi en écoutant attentivement l'interlocuteur que l'on trouvera de la matière pour alimenter la conversation.

Après l'écoute, la psychologue suggère de se servir des questions rituelles. «Les formules toutes faites, même si elles ne sont pas originales, sont l'outil que les gens qui ne sont pas timides utilisent pour engager la conversation, dit-elle. Demander aux gens comment ils vont, ce qu'ils font dans la vie, parler de la température et ainsi de suite. Même si cela semble superficiel, en fait, c'est une façon de montrer à l'autre personne que l'on s'intéresse à elle.»

Une fois que le contact est établi avec la personne, on peut passer à des demandes d'information plus précises pour développer la conversation. Par exemple, on peut leur demander leur avis sur un sujet, ou des renseignements sur leur domaine d'expertise. Par ailleurs, il faut dédramatiser la situation. «On n'est pas en danger de mort lorsque l'on parle à un étranger, dit-elle. Au fond, que peut-il vous arriver?»

Finalement, il est important de développer de bonnes croyances sur soi, au lieu de se dire que l'on n'est pas capable et qu'on est différent des autres. «Tout peut s'apprendre», conclut la psychologue, qui vient d'ailleurs d'écrire un livre à l'intention des gens qui souhaitent changer, «Oser changer: mettre le cap sur ses rêves». On retrouve aussi ses articles sur le site oserchanger.com.