De nos jours, les travailleurs autonomes sont nombreux et ce, dans différents domaines: design web, journalisme, photographie, communication, traduction, etc. Si, pour plusieurs, travailler de chez soi est un véritable bonheur, pour d'autres, c'est l'ennui total.

Ces «bibittes sociales» cherchent souvent à se regrouper pour louer un espace commun de travail. C'est du moins ce qu'ont fait Daniel Mireault et Patrick Tanguay, deux designers web pigistes, en créant, il y aura bientôt un an, le premier véritable espace de «co-working» à Montréal.

 

Située boulevard Saint-Laurent, au coeur du Mile End, la Station C compte 16 espaces de travail, quelques salles de réunion, une cuisine et un espace lounge. Les gens peuvent louer un bureau à temps plein ou à temps partiel, au mois, ou encore louer un bureau ou une salle de réunion à taux horaire.

Est-ce que ces «co-workers» ont tous des colocs dérangeants, des enfants qui entrent de l'école dès 15h30 ou, encore, un appartement beaucoup trop petit, ce qui les empêche de travailler dans le confort de leur foyer?

«Ce n'est pas du tout mon cas!» affirme Christine Préfontaine, qui travaille dans le domaine des communications. «J'ai un super espace de travail chez moi, mais ici je suis en contact avec une petite communauté. Je rencontre des gens, nous discutons de différentes choses, nous lançons de nouvelles idées. C'est super stimulant comparativement à chez-moi, où je suis toute seule.»

Travailler de chez soi peut être pratiquement invivable pour certains, confirme Marc Vachon, psychologue.

«En fait, pour être motivé à son travail, il faut avoir du plaisir et pour y arriver, il faut être confortable, avoir un peu de variété, être reconnu, communiquer, contribuer, avoir du pouvoir et trouver un sens à ce que l'on fait», explique-t-il.

Si tous les besoins à combler sont les mêmes d'une personne à l'autre, ils ne se placent toutefois pas dans le même ordre de priorité. «On peut donc comprendre que quelqu'un qui trouve la plus grande motivation dans l'aspect social de son travail risque d'être bien malheureux de travailler seul chez lui», indique le psychologue.

À la Station C, une véritable vie sociale s'est organisée: on se fait des dîners, des 5 à 7, on se réfère des clients, on se demande des conseils, etc. «J'aime beaucoup pouvoir tourner mon écran d'ordinateur et demander à mon voisin ce qu'il pense de ma maquette. Je ne pouvais pas faire ça lorsque je travaillais de chez moi», affirme Daniel Mireault.

«C'est certain que travailler en gang est très bon pour les gens qui ont besoin d'être reconnus dans leur travail et pour se bâtir un réseau», ajoute M. Vachon.

L'aspect économique

Évidemment, louer un bureau coûte des sous, mais lorsqu'on est travailleur autonome, on peut déduire de ses revenus les dépenses relatives à son espace de travail. Si on choisit un bureau à l'extérieur de son domicile, les frais sont déductibles à 100%. Avec un bureau à la maison, c'est différent.

«Si on a un 41/2 et qu'une des pièces sert de bureau, on calcule le 1/4 de ses frais de loyer, d'électricité, de chauffage, d'assurance, etc. Au fédéral, ces dépenses sont à 100% déductibles, mais au provincial, elles le sont à 50%. Ce n'est donc pas nécessairement une très grosse économie, mais si on a l'espace disponible, cette option fera peut-être en sorte qu'on aura plus d'argent dans ses poches à la fin de l'année», affirme Claudette Galibois, conseillère fiscale chez H&R Block.

En fait, pour faire son choix, il faut vraiment définir ses besoins et regarder ses différentes options.

 

ESPACES DE TRAVAIL

Chez soi : calculer le pourcentage des frais de son domicile consacré à son bureau (incluant l'électricité, le chauffage, etc.). Ces frais sont à 100% déductibles au fédéral et à 50% au provincial. > Station C: 350$ par mois pour un accès à temps plein, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (accès internet, table, chaise et classeur inclus). Frais à 100% déductibles.