Du rêve, de la magie, mais aussi beaucoup de travail. C'est ce qui attend les recrues lorsqu'ils franchissent les portes de l'École nationale de cirque, à Montréal.

Avis aux passionnés qui n'ont pas peur de se retrousser les manches: l'École tiendra, en février, ses concours d'admission pour la prochaine année scolaire.

 

«Tu ne perds rien à essayer et à suivre ce que ton coeur te dit de faire.» C'est ce que dirait Évelyne Allard, acrobate spécialisée en cerceau aérien, aux aspirants qui rêvent de jongler, de voler parmi les trapèzes ou de faire rire des spectateurs émerveillés.

Après avoir travaillé pendant deux ans pour le Cirque du Soleil, la jeune femme de 24 ans poursuit maintenant sa carrière avec le Cirque Éloize. Ces emplois lui ont permis de voyager aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Sud.

Dès l'obtention de son diplôme, en 2004, elle a décroché son premier emploi à la Cité de l'Énergie de Shawinigan, pour le spectacle Cosmogonia. Et elle n'est pas la seule. Selon Marc Lalonde, directeur général de l'École nationale de cirque, 90% des finissants trouvent un emploi rapidement après leurs études.

Les compagnies de cirque sont de plus en plus nombreuses au Québec: Cirque du soleil, Cirque Éloize, Les sept doigts de la main. Sans compter les nombreux cabarets et cirques étrangers offrant désormais des spectacles de cirque contemporain.

«Le cirque est la seule forme, parmi les arts de la scène, où le marché et les possibilités d'emploi sont plus grandes que le nombre d'artistes disponibles», dit Marc Lalonde.

Études secondaires et collégiales

L'École nationale de cirque offre un diplôme d'études collégiales de trois ans, ainsi qu'un programme complet d'études aux secondaire, dont la structure est semblable à d'autres programmes arts-études. Les cours du cursus normal sont combinés aux disciplines du cirque enseignées: l'aérien, la manipulation, l'équilibre, l'acrobatie, le jeu d'acteur et les arts clownesques.

Pour devenir polyvalents, tous les étudiants reçoivent une formation de base dans ces disciplines. Ils choisissent par la suite une spécialité dans laquelle ils développeront une maîtrise très élevée et leur propre numéro.

L'École de cirque, c'est pour qui? «Les candidats viennent de différents horizons, dit Marc Lalonde. Ils peuvent venir du milieu sportif, ou avoir déjà suivi des cours de cirque sous forme de loisir. Quand on les reçoit assez jeune, on regarde surtout leur potentiel. Mais ceux qui arrivent au collégial doivent avoir déjà un bagage et être assez avancés.»

Pour détecter les recrues prometteuses, on leur fait passer une série d'épreuves au concours d'entrée, pouvant aller des «push-up» au jeu théâtral. On évalue plusieurs éléments: condition physique, santé générale, force, souplesse, résistance, coordination, orientation spatiale, rythmique, créativité, originalité et potentiel artistique comme interprète.

Quant aux exigences académiques, elles sont là, mais pas prioritaires. «Nous ne sommes pas dans une logique de choisir uniquement ceux ayant des notes très élevées, dit le directeur. Évidemment, il ne faut pas que le jeune vienne ici pour risquer sa réussite scolaire. L'important est qu'il ne soit pas en situation d'échec.»

Travailler fort

À quoi ressemble la vie à l'école de cirque? «Les journées sont très remplies, dit Louis-David Simoneau, trapéziste de 20 ans et finissant au collégial. Il n'est pas rare, au niveau collégial, que l'on commence à huit heures du matin pour finir à huit heures du soir.»

Car en plus des cours de cirque, les étudiants doivent compléter les cours de français et de philosophie obligatoires pour l'obtention d'un DEC. Ces cours ont souvent lieu en soirée.

«Il faut vraiment être déterminé, dit Louis-David. Ce n'est pas accessible à tous, et certains abandonnent.»

Toutefois, les artistes de cirque sont des gens comme tout le monde, assure le jeune homme. Mais des gens très disciplinés, avec beaucoup de volonté.

«Avant de venir à l'école, je pensais que le cirque était quelque chose d'inaccessible. Que seules les meilleures, des personnes pas vraiment humaines, pouvaient en faire, ajoute-il. Et là, je constate que mes amis et moi, on fait ça, on est rendu là, et on est juste du vrai monde!»

Y a-t-il une vie après le cirque? «Dans les disciplines plus physiques, les gens arrêtent dans la trentaine, dit Évelyne Allard. Après, on peut travailler à la mise en scène, la création, la recherche et le développement. Pour les clowns et les jongleurs, il n'y a pas vraiment de limite d'âge.»

Pour étudier à l'École nationale de cirque, il en coûte 3100$ par année au secondaire et 3800$ au collégial. Toutefois, une fondation offre des bourses d'études aux élèves moins fortunés.

De plus, des services d'hébergement seront disponibles sur place à partir de l'automne prochain. Les candidatures au concours d'admission doivent être déposées avant le 16 janvier.