Selon Isabelle Falardeau, psychologue et conseillère d'orientation, s'orienter, c'est savoir qui l'on est et où l'on veut aller. Et les parents jouent un rôle capital pour savoir qui l'on est, un rôle de miroir, en quelque sorte. Explications.

Qui, de l'école ou du parent, est surtout responsable d'accompagner le jeune dans sa démarche d'orientation?

L'école secondaire, le cégep, l'université ont un grand rôle au sujet du « où je peux aller «. Donc, amener le jeune à avoir les bons guides, à les consulter; organiser des journées « Étudiant d'un jour «, « Choix de carrière «... Bref, s'assurer de l'accessibilité et de la justesse de l'information. La responsabilité du parent, c'est davantage le « qui je suis «, l'estime de soi. Partant, le conseiller d'orientation, qui travaille également sur le « qui je suis «, a un rôle complémentaire à celui du parent.

Quand le parent doit-il commencer à s'intéresser au choix de carrière de son enfant?

Le parent est le miroir de l'identité de son enfant. Et il peut commencer ce travail de miroir dès que l'enfant est au primaire, en disant, par exemple : « Ah! tu as l'air d'aimer ça, la biologie! Qu'est-ce qui te plaît dans ça? «, en demandant au retour d'un voyage : « Qu'as-tu aimé et pas aimé?»... Je vois souvent des jeunes qui, à 18 ans, sont incapables de mettre en mots leurs forces et leurs faiblesses. Cela dit, les parents peuvent également favoriser la prise de décision en impliquant leurs enfants dans des processus décisionnels : « Eh! Gang, demain, on doit aller faire du ski, et là, on annonce -20 oC. On y va quand même ou pas? Sinon, que fait-on à la place? «

Et, à l'heure du choix d'orientation, à quoi ressemble le parent idéal?

Le parent idéal ne choisit pas, il encourage! La petite tape sur l'épaule, les « Je suis fier de toi «, c'est important! Il doit, entre outre, aider le jeune à prendre conscience de qui il est en reflétant ses champs d'intérêt, ses compétences, sa personnalité. Des questions telles que « Petite, tu voulais être chanteuse. Cet intérêt est-il disparu complètement? « ou « Petit, tu souhaitais devenir vétérinaire. Pourquoi? « lui permettent de se resituer par rapport à lui-même. Et, important, il est conscient qu'il amène une perception du monde du travail à la maison.

Si le parent parle contre son patron, s'il dit : « Je hais ça, travailler! Il me reste 10 ans, 3 mois, 4 jours..., le jeune, lui, pense : « Ayoye! Et moi, faut que j'embarque dans ce milieu-là! «

Qu'évite à tout prix le parent idéal?

Les pires erreurs : projeter ses désirs ou ses échecs sur son enfant; montrer de l'impatience par rapport à son indécision; trop en faire à la place du jeune.

Comment parler d'orientation avec un indécis qui refuse d'en discuter?

Un conseil pour parler d'orientation (ou de n'importe quel autre sujet

avec un jeune, c'est de le faire pendant une activité parallèle : une promenade, des achats, la vaisselle... On ne s'assoit pas face à face pour en parler, car c'est trop confrontant pour un jeune qui est anxieux. Mieux vaut aussi ne pas trop insister, quitte à revenir sporadiquement sur la question. Une bonne idée : lui offrir un guide, par exemple Choisir, en lui disant simplement : « Tiens! tu regarderas ça! «

Cette chronique est un service de Septembre éditeur (www.septembre.com) qui diffuse des informations sur les métiers et professions, les programmes de formation et l'actualité du marché de l'emploi dans ses sites 1ermars.monemploi.com et www.monemploi.com.