Au Québec, plus de 35 000 établissements et quelque 245 500 travailleurs sont associés au secteur du commerce de détail. Dynamique, diversifiée et incontournable au quotidien, l'activité économique qu'ils génèrent n'en est pas moins affectée par la rareté de la main-d'oeuvre.

«Au cours des prochaines années, le principal défi des employeurs de ce secteur résidera dans la recherche de personnel et, à plus forte raison, si cette recherche doit être orientée vers du personnel compétent et qualifié, note Patricia Lapierre, directrice générale de Détail Québec (anciennement le Comité sectoriel de main-d'oeuvre du commerce de détail). Plusieurs entreprises éprouvent déjà des difficultés importantes à cet égard et les choses n'iront pas en s'améliorant avec la décroissance de la population active.» Pour l'organisme, dont la mission consiste à soutenir les employeurs et les travailleurs qui oeuvrent dans le secteur du commerce de détail, il existe toutefois des façons de se préparer à traverser la crise. «Il faut arriver à séduire les 45 ans et plus, les jeunes et les immigrants pour qu'ils occupent les emplois disponibles, poursuit la directrice. À cet impératif de diversification des groupes à cibler s'ajoute la nécessité de faire une meilleure promotion du secteur et de valoriser davantage les carrières et la formation qui y sont liées.»

Ainsi, l'équipe de Détail Québec se rend régulièrement dans les écoles, les centres locaux d'emploi et les carrefours jeunesse-emploi pour donner de l'information. Dans son site Internet (www.detailquebec.com), l'organisme présente aussi des cas de gens qui font carrière dans le domaine et qui réussissent bien.

Séduire le personnel

Bien qu'il figure en tête de liste, le défi du recrutement s'accompagne d'autres difficultés à surmonter pour les détaillants, dont celle de la rétention du personnel.

Les résultats d'un sondage réalisé à l'automne 2007 par la firme Altus Géocom, pour le compte de Détail Québec, révèlent, entre autres, qu'un employé demeure en moyenne dix ans dans le secteur du commerce de détail et six ans au sein d'une même entreprise. Ces chiffres sont évidemment fortement influencés par la proportion importante d'emplois à temps partiel ou temporaires qui connaissent un taux de roulement appréciable et qui contribuent à abaisser les moyennes.

«Dans les faits, on constate que les travailleurs sont en mouvement, mais moins qu'avant, indique Mme Lapierre. Cependant, l'intention des employés qui travaillent à temps plein de rester chez leur employeur actuel a chuté de 73% à 62% en trois ans. Les gens prépareraient donc leur départ plus rapidement qu'il y a quelques années.»

Les répondants au sondage ont évoqué diverses raisons pour expliquer leur désir de quitter leur emploi: la moitié ont fait valoir qu'ils n'étaient pas dans leur domaine, le tiers justifiaient leur décision par l'intention d'effectuer un retour aux études et 20% ont laissé entendre que le départ à la retraite était à la base de leur choix. Si les employeurs ne peuvent retenir tous leurs travailleurs, ils sont toutefois en mesure d'exercer une certaine influence sur la durée du séjour de ces derniers en entreprise.

À ce chapitre, le versement d'un salaire satisfaisant pèsera toujours assez lourdement dans la balance, mais on remarque que les employés accordent de plus en plus d'importance aux conditions de travail.

«Les entreprises qui favorisent la reconnaissance et l'autonomie, et qui s'appliquent à créer une ambiance de travail stimulante où les relations avec le patron et les collègues sont enrichissantes et chaleureuses, ont aussi de meilleures chances de conserver plus longtemps leur personnel, rapporte Patricia Lapierre. En trois ans seulement, l'appréciation de ces éléments est d'ailleurs passée de 4% à 20%.»