Une dette croissante et l'environnement difficile de la vente au détail ont forcé Payless ShoeSource à fermer tous ses magasins nord-américains d'ici le mois de mai, une décision qui touchera plus de 200 magasins et environ 2400 employés au Canada.

Le détaillant américain de chaussures à bas prix, établi au Kansas, a annoncé mardi qu'il allait bientôt demander la protection de la cour contre ses créanciers au Canada, ouvrant ainsi la voie à une vente de liquidation dans les 248 établissements qu'il exploite au pays. Payless ShoeSource s'est déjà protégé de ses créanciers aux États-Unis.

La marque de chaussures DSW, établie dans l'Ohio, a aussi fermé récemment sa bannière Town Shoes et ses 38 magasins dans le pays, en soulignant que l'«environnement concurrentiel pour [...] les chaussures vendues dans les centres commerciaux a radicalement changé, les ventes comparables se sont détériorées de façon constante et ont généré des pertes d'exploitation significatives.»

Payless, qui a été fondée en 1956 et avait déjà déposé son bilan en 2017, a été confrontée à un marché semblable, a fait valoir son chef de la restructuration, Stephen Marotta, dans un communiqué de presse. Selon lui, l'entreprise a tenté de rajuster ses activités pour s'adapter au marché, mais en vain.

«Les défis auxquels sont confrontés les détaillants aujourd'hui sont bien documentés et, malheureusement, Payless a émergé de sa réorganisation antérieure mal outillée pour survivre dans l'environnement de la vente au détail», a affirmé M. Marotta, qui s'est joint à la société en janvier.

«Les procédures antérieures ont laissé à la société une dette encore trop importante, un réseau de magasin trop important et une consolidation des systèmes et des frais généraux encore non réalisée.»

Les documents déposés mardi auprès de la Cour supérieure de justice de l'Ontario montrent que les activités canadiennes de la société ont présenté une offre excédentaire aussi récemment que cet hiver et ont été forcées de vendre des marchandises à prix fortement réduits.

Les documents révèlent que la société n'a pas payé le loyer de février pour 220 de ses magasins au Canada et a affiché une perte d'exploitation de plus de 12 millions US l'année dernière.

Dans les documents, M. Marotta a indiqué que la société avait été incapable d'intégrer ses magasins physiques avec une offre numérique. Seuls 200 magasins sont équipés d'un tel service, a-t-il précisé, ce qui a fait en sorte que Payless a été «incapable de suivre l'évolution de la demande des clients».

En conséquence, M. Marotta a annoncé que l'entreprise commencerait à fermer ses magasins à la fin mars, mais que certains resteraient ouverts jusqu'à la fin du mois de mai, le temps qu'elle procède à une liquidation.

Brynn Winegard, spécialiste du commerce de détail, a souligné que Payless connaissait des problèmes depuis longtemps, puisque son modèle commercial reposait sur le fait de ne pas toujours conserver des stocks de toutes les tailles pour chaque chaussure vendue, mais également en raison de la taille de ses actifs immobiliers.

«Des prix concurrentiels en ligne sont tellement plus faciles avec des frais généraux moins élevés. Les magasins à bas prix et les magasins à grande surface ont de très fines marges, il est très difficile de concurrencer les détaillants en ligne», a-t-elle observé.

Payless, a-t-elle dit, a également été confrontée aux défis des fabricants qui contournent de plus en plus les détaillants traditionnels en vendant directement aux consommateurs, souvent à des coûts inférieurs.

Mme Winegard soupçonne que des vendeurs de chaussures à prix réduits, dont Walmart, des fabricants avec une présence en ligne importante et des détaillants électroniques tels qu'Amazon et le géant du commerce électronique asiatique Alibaba profiteront de la disparition de Payless.

Payless compte 420 magasins en Amérique latine, aux Îles Vierges américaines, à Guam et à Saipan, et 370 magasins internationaux franchisés au Moyen-Orient, en Inde, en Indonésie, en Indochine, aux Philippines et en Afrique.